Éducation : Le cou(t) de la réforme

C’est un grand ouf de soulagement qui a parcouru tout le monde enseignant à l’annonce lundi dernier, par le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, du gel du statut des fonctionnaires de l’Éducation nationale en attendant sa révision prochaine.

Le bras de fer engagé par les enseignants, avec une grève massive de plusieurs semaines qui a entrainé l’arrêt des cours et des classes, a fini par leur être favorable. Le mouvement des enseignants a témoigné, au-delà de la mobilisation syndicale, de l’esprit de corps qui subsiste. Nos enseignants ont rappelé que pour faire honneur à leur mission d’éducation des générations futures, ils ne peuvent accepter la dégradation de leurs conditions de travail. On notera d’ailleurs qu’une partie d’entre eux, qui se disent non-satisfaits de l’accord conclu avec le Chef du gouvernement, poursuivent leur mouvement, notamment ce mercredi à Casablanca.

De l’autre côté, les parents témoignent en continu du revers de la médaille qui impute l’échec ou l’inefficacité de l’éducation de leurs enfants aux mêmes causes. Les enseignants font grève pour améliorer les conditions d’éducation, mais les enfants se voient priver de cours et pèsent sur l’organisation de leurs parents qui ont des contraintes professionnelles, ce qui a tendance à désolidariser les uns des autres. Le serpent se mord la queue immanquablement parce que la réalité est que tout le monde est dans le même bateau.

On ne peut pas améliorer ou réformer l’Éducation nationale sans revaloriser les femmes et les hommes qui l’animent, encore plus lorsqu’ils le revendiquent tous comme un préalable indispensable. La réforme de l’Éducation est devenue un enjeu crucial dans le plan de développement du Maroc. Alors qu’économiquement le pays se développe, le niveau d’éducation de la population doit s’améliorer parallèlement parce que le Maroc a besoin de plus en plus de ressources qualifiées, enseignants compris.

D’ailleurs, la feuille de route établie par le ministère de Chakib Benmoussa pour 2022-2026 n’est pas juste ambitieuse, elle s’attaque en priorité au fond du problème de l’assimilation des connaissances par les élèves aux différents niveaux scolaires. Les infrastructures font aussi partie intégrante de cette réforme parce qu’une école performante passe par un cadre adapté, pas des bâtiments délabrés. Le chantier est colossal et la grève des enseignants n’en est que le symptôme le plus apparent.

Les autorités semblent avoir néanmoins pleinement pris la mesure de ces enjeux, comme en témoigne l’implication du Chef de gouvernement et la mobilisation de différents portefeuilles ministériels autour d’une commission chargée du suivi de la refonte du statut des fonctionnaires de l’Éducation nationale et de leurs revendications, notamment salariales. Car c’est bien à un consensus national que les négociations doivent aboutir, avec à la clé un corps éducatif remotivé à mener à bien les chantiers nécessaires à la mise à niveau de notre système éducatif.

Pour aller plus loin

Parce qu’il n’est pas non plus utopique d’espérer que cette réforme réussisse, il ne faut pas lui tordre le cou trop tôt. Le Maroc a des fulgurances réussies dans le domaine de l’éducation, supérieure notamment, comme avec l’UM6P et d’autres pôles d’excellence reconnus, qui sont des preuves de notre capacité à élever la barre et à atteindre de nouvelles performances.

Même si c’est au prix de grèves, de négociations et de nouveaux compromis.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.