Bienvenue à la Police nationale : casier bienvenu, juste pas trop chargé !

Bouchaib El Bazi

Vous rêviez de devenir policier mais vous avez un petit passé de fêtard bruyant, un casier judiciaire qui clignote légèrement, et un souvenir brumeux d’une virée à Amsterdam ? Bonne nouvelle , la police belge pense enfin à vous !

Dans un revirement aussi discret qu’un gyrophare en pleine nuit, les autorités policières ont décidé d’ouvrir les portes de l’uniforme à celles et ceux dont le passé n’est pas tout à fait immaculé, à condition, bien sûr, qu’on ne parle pas de crimes graves comme trafic international de drogue ou participation active à une mafia armée. Pour les petits dérapages de jeunesse, il y a désormais une certaine tolérance — appelons cela l’effet “reconnaissance de l’erreur humaine sous influence estudiantine”.

De la cellule au commissariat : la ligne est fine mais praticable

Selon Het Laatste Nieuws, cette nouvelle orientation ne serait pas un « assouplissement », mais plutôt une mise en conformité avec la loi qui, rappelons-le, exige une “conduite irréprochable”. Traduction libre , tu peux avoir un casier, mais pas un CV criminel.

Ainsi, l’histoire de l’étudiant sanctionné pour avoir organisé une fête bruyante agrémentée de cannabis importé légalement (selon la fiscalité hollandaise, en tout cas) devient l’exemple parfait de ce nouveau pragmatisme. Pourquoi se priver d’un bon élément, juste parce qu’il a crié “libérez Bob Marley” un soir de printemps 2012 ?

Une police plus inclusive… avec ses anciens exclus

Désormais, si vous avez été condamné pour tapage nocturne, bagarre de bar, ou même usage de substances venues de l’autre côté de la frontière, cela ne suffira plus à vous barrer la route vers une carrière dans les forces de l’ordre. En somme, la police ne ferme plus la porte à ceux qu’elle aurait autrefois menottés pour des broutilles. C’est ce qu’on appelle boucler la boucle, ou peut-être confondre les rôles.

Un bémol tout de même : les candidatures seront toujours soumises à une enquête de moralité. On n’est jamais trop prudent. Un ancien voleur repenti, passe encore ; mais un meurtrier qui cherche à porter l’uniforme, même avec un bon CV sur LinkedIn, non merci.

Recruter ou recycler ? Telle est la question

Officiellement, cette réforme n’a rien à voir avec la pénurie de personnel. On nous jure que ce n’est qu’un effet de calendrier, un pur hasard que 79 zones de police sur 98 soient en sous-effectif. La vérité est ailleurs, sans doute planquée sous un tas de candidatures classées X.

Mais si cette ouverture d’esprit peut aider à combler les trous dans les effectifs, pourquoi s’en priver ? D’ailleurs, dans un monde où un policier peut rouler sans permis (cf. Marolles), où l’usage excessif de la force nécessite “des formations à affiner”, il ne manquerait plus que l’on exige une pureté morale à toute épreuve. Faut pas pousser non plus.

Moralité (oui, il en reste une)

La Belgique innove, une fois de plus, dans l’art de concilier sécurité publique et deuxième chance. Faut-il s’en réjouir ? Peut-être. S’en inquiéter ? Un peu aussi. Car si demain votre PV est signé par quelqu’un qui a lui-même été verbalisé jadis pour le même fait… eh bien, vous aurez au moins la garantie qu’il sait de quoi il parle.

Et si ça ce n’est pas une forme d’expérience du terrain, on ne sait plus ce que c’est.

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