Hicham Jirando : du kebab iranien au sirop d’érable, itinéraire d’un hors-la-loi numérique entre deux mondes
Bouchaib El Bazi
Dans la grande série “Comment perdre toute crédibilité en moins de 15 vidéos YouTube”, Hicham Jirando, le fugitif le plus médiocre de l’internet maghrébin, vient de franchir un nouveau palier : transformer sa page Facebook « tahadi.info », jadis administrée depuis l’Iran, en antenne libre-service depuis le Canada. Oui, vous avez bien lu : du régime des mollahs au royaume du sirop d’érable, en un seul clic (ou un bon vieux VPN mal réglé).
Quand l’Iran devient une étape sur la route de l’asile politique… ou du ridicule.
Grâce à l’outil “Page Transparency” de Facebook – ce petit bijou que Hicham semble ignorer autant que le Code pénal marocain – on apprend que l’un des comptes administrateurs de sa page a basculé officiellement au Canada dès le 11 juin 2025. Un miracle technologique qui pose une question aussi simple qu’explosive : le monsieur a-t-il réellement mis le pied sur le sol canadien ? Ou s’est-il contenté de déguiser son adresse IP comme il a l’habitude de déguiser la vérité dans ses vidéos ?
Dans les deux cas, ça ne sent pas très bon.
S’il est toujours en Iran et qu’il utilise un VPN pour berner Facebook, cela pourrait bien tomber sous le coup des lois canadiennes sur la cybercriminalité et les contenus extrémistes. S’il est vraiment entré au Canada, il y a là un sérieux problème pour l’immigration canadienne, qui pourrait bien se retrouver à devoir expliquer comment un individu lié à des contenus incitant à la haine, à la diffamation et à l’apologie du terrorisme a pu franchir ses frontières, alors même qu’il coche toutes les cases de l’article 34 de la loi sur la protection des réfugiés (IRPA).
De la poutine à la propagande : Ottawa, tu regardes ou tu dors ?
La page en question, rappelons-le, n’est pas une simple chronique personnelle du spleen d’un exilé en manque de likes. Non. Elle a diffusé à plusieurs reprises des appels à la haine, des diffamations contre de hauts responsables marocains, des intox flagrantes, et même des attaques verbales contre le chef de l’État marocain. Et pendant une période bien identifiée, cette page était co-gérée… depuis l’Iran. Oui, l’Iran ! Ce pays que le Maroc a officiellement blacklisté depuis 2018 pour son soutien militaire au Polisario via le Hezbollah. Et ce même Iran que le Canada qualifie, dans ses rapports officiels, de “sponsor du terrorisme”. Tout ça pour dire que Jirando ne choisit pas ses partenaires au hasard. Ou alors, il est très mal conseillé.
Le Canada va-t-il continuer à tendre l’autre joue tant que ce ne sont pas ses propres citoyens qui sont visés ?
Le silence canadien, jusque-là pardonnable par excès de prudence diplomatique, commence à avoir des relents d’aveuglement volontaire. Car il ne s’agit plus simplement d’un trublion marocain perdu dans les limbes d’internet, mais d’un homme condamné à 15 ans de prison ferme pour faits de terrorisme, escroquerie, chantage et diffamation – et dont plusieurs membres de la famille ont été également emprisonnés pour participation active à ses activités frauduleuses. Certains se souviennent encore de ces vidéos où il proposait à ses victimes de supprimer leurs images contre paiement… une spécialité qui, curieusement, ne figure pas dans le code de déontologie du journalisme.
Et maintenant, il semble qu’il soit en train de se recycler comme serveur dans un restaurant canadien. Triste fin pour un prétendu “homme d’affaires international” qui se rêvait en Zola des diasporas. Comme quoi, quand on construit sa légende sur le mensonge, on finit souvent à prendre les commandes… au sens gastronomique du terme.
Le cas Jirando est une caricature grandeur nature des dérives numériques mondialisées, où la frontière entre la farce et le danger réel devient floue. Reste à savoir si Ottawa choisira enfin d’agir avant que ce genre de clown toxique ne trouve de nouveaux terrains à polluer. Car après l’Iran, le Canada et Facebook, on ne sait pas quelle scène accueillera le prochain épisode de ce drame politico-comique.
En attendant, bon appétit Hicham. On espère que le pourboire est halal.
À suivre, dans le prochain épisode : “Comment perdre son anonymat grâce aux cookies et aux erreurs de géolocalisation”.