Virage diplomatique en Afrique du Sud : le parti MK soutient la souveraineté du Maroc sur le Sahara
Soumia El Alki
Dans un tournant aussi inattendu que symboliquement fort, le parti sud-africain “uMkhonto we Sizwe” (MK), principale formation de l’opposition, a annoncé son soutien explicite à la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Cette prise de position rompt avec la ligne idéologique historique de Pretoria, traditionnellement acquise à la cause de la république autoproclamée du Front Polisario.
Ce changement d’orientation n’est pas anodin. Le parti MK, hérité de la lutte contre l’apartheid et fondé en 1961 par Nelson Mandela lui-même, est aujourd’hui dirigé par l’ancien président Jacob Zuma. Il pèse lourdement dans le paysage politique sud-africain, notamment depuis les dernières élections où il a décroché 58 sièges au Parlement. Son dernier document stratégique, intitulé « Partenariat stratégique pour l’unité africaine, la libération économique et l’intégrité territoriale », marque une rupture assumée avec les positions du Congrès National Africain (ANC) au pouvoir.
Un revirement géopolitique à portée continentale
Dans cette déclaration officielle, le parti MK exprime son soutien “au droit légitime du Maroc à recouvrer l’intégralité de son territoire historique”, s’appuyant sur des arguments historiques relatifs à la présence du royaume au Sahara bien avant la colonisation espagnole. Il rappelle également le rôle emblématique de la Marche Verte de 1975, qualifiée d’“acte de libération pacifique” ayant mobilisé plus de 350 000 civils marocains non armés.
Surtout, le document du MK s’aligne sur la proposition marocaine d’autonomie sous souveraineté nationale, la décrivant comme une solution “équilibrée, pragmatique et réaliste”, à même de garantir stabilité, développement et paix durables dans la région. Le parti appelle la communauté internationale à reconsidérer cette option comme l’unique voie crédible pour clore un différend vieux de plusieurs décennies.
Analyse – Bouchâib El Bazi : un coup de grâce diplomatique au narratif séparatiste
« Ce qui vient de se produire en Afrique du Sud n’est pas qu’un simple changement de cap partisan , c’est un séisme diplomatique. Le soutien du parti MK – chargé d’une symbolique pan-africaine héritée de Mandela – au plan d’autonomie marocain constitue un désaveu cinglant pour le Front Polisario et ses parrains à Alger. Pendant des années, Pretoria a joué le rôle de caisse de résonance pour les ambitions séparatistes sahariennes. Aujourd’hui, une partie de sa propre élite politique dit stop. Et ce n’est pas un hasard , la dynamique africaine, où plus de 30 pays soutiennent déjà Rabat, commence à fissurer les dogmes idéologiques du passé. Le Maroc récolte aujourd’hui les fruits de sa diplomatie de terrain, alliant investissements structurants, coopération sécuritaire et respect mutuel. Ce basculement sud-africain, s’il devait s’amplifier, pourrait bien redessiner l’équilibre au sein de l’Union africaine. »
Une relecture des alliances africaines
Le soutien affiché du parti MK pourrait également provoquer des remous dans les relations entre Pretoria et Alger, fervents alliés du Polisario. Il vient d’autant plus fragiliser la posture sud-africaine que le soutien international au référendum d’autodétermination prôné par la “RASD” s’effrite d’année en année, au profit de solutions consensuelles, pilotées par l’ONU.
Par ailleurs, le parti MK n’a pas manqué de rappeler que le Maroc fut l’un des tout premiers pays africains à soutenir militairement et logistiquement le mouvement de libération sud-africain dans les années 1960 – un rappel qui sonne comme un appel à réciprocité historique.
En s’ouvrant à une coopération bilatérale renforcée avec Rabat, MK semble vouloir offrir une alternative diplomatique et économique crédible à l’ANC, notamment en matière de développement, de sécurité et de partenariats Sud-Sud. Dans un contexte post-électoral tendu, où l’avenir politique sud-africain s’annonce incertain, ce repositionnement pourrait bien peser dans les futurs équilibres de pouvoir.