Georges-Louis Bouchez , quand l’ambition personnelle devient un risque institutionnel

On pensait que la Belgique avait atteint ses limites en matière de surréalisme politique. Mais c’était sans compter sur Georges-Louis Bouchez, le président du MR, qui vient de franchir un nouveau cap dans l’exercice du stand-up électoral. Sa dernière lubie ? Exporter son « Mouvement Réformateur » en Flandre. Oui, vous avez bien lu. Le MR Vlaanderen est en gestation. Et apparemment, personne n’a osé lui dire que le fédéralisme belge, ce n’est pas une franchise de fast-food.

Invité à réagir, Frédéric De Gucht, président bruxellois de l’Open-VLD, n’a pas mâché ses mots. « Je ne crois pas dans une histoire MR Vlaanderen en Flandre », a-t-il déclaré avec ce flegme flamand qu’on appelle aussi, dans certaines contrées, la politesse du désespoir. Une phrase qui résume bien l’opinion générale , l’idée d’un MR flamand est à la politique ce que le cassoulet est à la cuisine moléculaire. Hors sujet, lourd, et difficile à digérer.

Mais Bouchez persiste. Avec la détermination d’un joueur de Football Manager persuadé qu’il peut faire monter les Francs Borains en Ligue des Champions, il veut « une Flandre libérale forte ». Très bien. Sauf qu’on ne conquiert pas la Flandre avec des slogans en français, des tweets provocateurs, et des interviews en boucle sur LN24. Ce n’est pas parce qu’on cite Churchill sur Twitter qu’on devient un stratège politique. À ce rythme, Georges-Louis va bientôt annoncer une antenne MR au Luxembourg. Ou en Corse.

Et c’est là que le bât blesse. Ce n’est plus une question d’ego — quoique, l’ego de Bouchez mérite un chapitre à part dans le prochain rapport du Sénat — c’est devenu une question de stabilité démocratique. Car à force de jouer aux apprentis sorciers, le président du MR fait trembler l’édifice fragile de la politique belge. Ses sorties tonitruantes, ses provocations répétées, son obsession de l’image et du clash permanent nuisent à la crédibilité de l’ensemble des partis francophones. On n’exporte pas une idéologie par caprice. Et certainement pas dans un pays où chaque virgule constitutionnelle est sujette à négociation communautaire.

Alors oui, Georges-Louis Bouchez est un personnage médiatique. Brillant, parfois. Cynique, souvent. Mais aujourd’hui, il est surtout devenu un facteur d’instabilité politique. À vouloir incarner à lui seul l’avenir du libéralisme belge, il en devient la caricature. Et si l’on devait résumer la situation en une formule toute bouchezienne , trop de branding, pas assez de bilan.

La Belgique mérite mieux que des expériences de laboratoire menées par un président en mal de reconnaissance. Elle mérite des idées, pas des opérations marketing. Et surtout, elle mérite des responsables politiques qui comprennent que la Flandre n’est pas un terrain de jeu pour ambitions personnelles.

 

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