Bruxelles, mode GTA : quand la police belge confond l’espace public avec un simulateur de course-poursuite
Par notre envoyé très spécial au royaume de l’absurde
Lundi noir sur l’avenue des Gloires nationales à Bruxelles. Un enfant de 12 ans, paisible cavalier d’une trottinette électrique, a croisé la trajectoire d’un véhicule de police lancé à pleine vitesse dans une course-poursuite. Résultat , un drame, une famille brisée, et une institution qui, encore une fois, tente de dissimuler son pilotage automatique derrière un écran d’enquête “en cours”.
Car oui, en Belgique, l’uniforme bleu semble désormais livré avec une manette PlayStation invisible. Les forces de l’ordre, dopées à l’adrénaline et à la testostérone procédurale, foncent dans les rues urbaines comme si chaque ruelle était un circuit fermé, et chaque piéton un décor de jeu vidéo. Malheur à celui qui se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment , il risque de se faire “reset” à jamais.
Un accident ? Non, un schéma récurrent
Ce drame n’est pas une première. Souvenez-vous d’Adil, ce jeune de 19 ans percuté mortellement par un véhicule de police en avril 2020 à Anderlecht, lui aussi durant une course-poursuite. On nous avait alors promis des réflexions, des protocoles, une remise en question. Résultat ? Trois ans plus tard, la police roule toujours à 150 km/h en milieu urbain, comme si un bonus de points les attendait à chaque virage serré.
En 2017 déjà, Mehdi, un adolescent de 17 ans, mourait à Liège après avoir été poursuivi par des policiers. En 2019, un autre jeune homme a été tué à Anvers dans des circonstances similaires. Chaque fois, la même mécanique , “le suspect a pris la fuite”, “la police a dû intervenir”, “l’enquête est en cours”, et au final, les familles doivent apprendre à faire leur deuil pendant que les agents reprennent le volant dès le lendemain.
Sécurité publique ou roulette russe ?
Il devient urgent de poser la question , la police belge est-elle encore au service de la sécurité publique ou simplement en train de tester ses réflexes de gamer en conditions réelles ? Les rues de Bruxelles, Liège ou Anvers sont-elles devenues des terrains d’entraînement où la vie des enfants ne pèse pas lourd face au fantasme d’un contrôle absolu de la “rue” ?
L’enfant de 12 ans n’était ni un délinquant, ni un fuyard, ni une menace. Il était un citoyen, jeune, vulnérable, et désormais… enterré. Son seul crime ? Avoir existé sur une avenue traversée par des policiers qui, visiblement, confondent la sirène avec un cheat code d’impunité.
Une enquête… comme toujours
La justice a ouvert une enquête. Bien sûr. Comme toujours. Et comme souvent, elle risque de se perdre dans les méandres administratifs, les rapports internes, les analyses balistiques, et autres expertises destinées à faire patienter l’opinion jusqu’à l’oubli. Le problème, c’est qu’à force d’oubli, on finit par banaliser l’inacceptable.
Peut-être est-il temps, pour nos autorités, de désinstaller GTA de leurs tableaux de bord, et de se rappeler que la ville n’est pas un terrain de chasse, et que la vie humaine – même sur une trottinette – vaut plus qu’un suspect à intercepter.
À suivre, si la police ne redémarre pas une nouvelle partie avant la fin de l’enquête.