L’Algérie exprime son « regret » face au soutien britannique au plan marocain d’autonomie au Sahara

Aradane Majda

Le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué officiel dans lequel il exprime son profond regret à l’égard de la récente position du Royaume-Uni soutenant l’initiative marocaine d’autonomie comme base sérieuse et crédible pour résoudre le différend régional autour du Sahara.

Cette réaction intervient au lendemain de la visite à Rabat du Secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, David Lammy, lors de laquelle un communiqué conjoint maroco-britannique a été signé, saluant le plan marocain présenté en 2007 comme une solution « réaliste, crédible et pragmatique ».

Un rejet diplomatique assumé

Dans son communiqué, Alger affirme que la proposition d’autonomie « n’a jamais été présentée aux Sahraouis comme base de négociation », et que « les envoyés spéciaux de l’ONU successifs ne l’ont jamais considérée comme une proposition sérieuse ou susceptible de déboucher sur une solution crédible au conflit ».

Selon la lecture algérienne, le plan marocain viserait essentiellement à gagner du temps et à imposer progressivement un fait accompli colonial, en empêchant toute avancée réelle dans le cadre du processus onusien.

Londres, entre soutien politique et prudence juridique

Malgré son désaccord affiché avec la position britannique, l’Algérie souligne toutefois que le Royaume-Uni n’a pas explicitement reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara, ni validé ce qu’elle qualifie d’« occupation illégale ». Le communiqué note que l’ONU continue de considérer le territoire comme « non autonome », conformément au droit international.

L’Algérie met également en avant les déclarations du Secrétaire d’État britannique, qui aurait réitéré l’attachement de Londres au principe du droit à l’autodétermination, y voyant un « élément d’équilibre » dans une position qu’elle qualifie de « double ».

Appel à la responsabilité onusienne du Royaume-Uni

Au regard de cette « position ambivalente », l’Algérie dit espérer que le Royaume-Uni, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, continuera à assumer ses responsabilités internationales, en interpellant le Maroc sur le respect du droit international et des résolutions des Nations Unies, notamment dans le domaine de la décolonisation.

Un contexte international en pleine évolution

Cette sortie diplomatique algérienne s’inscrit dans un contexte où de plus en plus de puissances occidentales appuient la proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine : les États-Unis, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, et désormais le Royaume-Uni.

Face à cette dynamique, l’Algérie tente de préserver son influence diplomatique en insistant sur la légitimité du processus onusien, tout en critiquant ce qu’elle considère comme un glissement international vers la reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine.

Pour les observateurs, ce communiqué traduit le malaise grandissant d’Alger face à une marginalisation progressive de sa lecture du conflit, dans un monde où les équilibres géopolitiques évoluent rapidement, et où le réalisme diplomatique tend à prendre le pas sur les positions dogmatiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.