Bruxelles sous tutelle ? Quand Bart De Wever joue au préfet colonial

Bouchaib El Bazi

Ah, Bart… Toujours là pour rappeler qu’en Belgique, le surréalisme n’est pas qu’un courant artistique, c’est une ligne politique. Voilà donc notre Premier ministre — fraîchement installé et déjà en mode pyromane institutionnel — qui propose, sans cligner des yeux, de mettre la région Bruxelles-Capitale sous tutelle. Rien que ça.

La faute, selon lui, à une capitale qui « n’a toujours pas de gouvernement un an après les élections » et à une dette qui enfle comme la moustache de Tintin en cas de stress budgétaire. Alors que certains auraient choisi la médiation ou l’apaisement, Bart choisit… la menace. Un style qui rappelle plus le FMI au Zimbabwe que la coopération régionale dans un État fédéral.

Mais qui croit encore que ce discours est celui d’un Premier ministre « de tous les Belges » ? Ahmed Laaouej, chef de file du PS bruxellois, ne s’y trompe pas. Il parle d’un « vrai leader séparatiste déguisé en chef d’État ». Et en effet, on voit mal comment un homme qui considère la Constitution comme un vulgaire dessous-de-verre peut sincèrement vouloir le bien d’une région qu’il méprise profondément.

Mettre Bruxelles sous tutelle ? C’est comme confier la gestion de la buvette à celui qui a vidé la cave. Le budget fédéral affiche un trou noir de 25 milliards d’euros, que Bart tente de maquiller en déguisement de crédibilité. Il promet des milliards pour la Défense comme un enfant jure de devenir astronaute. Pendant ce temps, il coupe dans les soins de santé, rogne sur les pensions, et laisse aux Régions le soin d’éteindre l’incendie qu’il a lui-même allumé.

Et que dire de cette posture de donneur de leçons ? Le MR, bras droit docile de la N-VA à Bruxelles, semble prêt à jouer le rôle du préfet local chargé d’importer la méthode Arizona : austérité, asphyxie, annihilation. Mais voilà, les Bruxellois n’ont pas voté pour ce plan digne d’un remake de La Servante écarlate en version libérale.

Laaouej le dit sans détours : le véritable péril budgétaire pour Bruxelles ne vient pas d’Ixelles ou de Molenbeek, mais bien du 16 rue de la Loi. Et dans cette comédie noire à la belge, les Bruxellois risquent d’être les seuls spectateurs à devoir payer l’addition.

Alors non, Bart, Bruxelles n’est pas une colonie, et tu n’es pas son administrateur impérial. Avant de parler de tutelle, commence peut-être par t’occuper de ton propre chaos budgétaire.

Ou mieux encore, rappelle-toi que gouverner, ce n’est pas dominer. C’est servir. Mais pour ça, il faudrait encore croire à la Belgique. Et visiblement, ce n’est pas dans le logiciel.

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