Quand Abdelmadjid Tebboune voit des reculs espagnols que même l’Espagne ignore

Bouchaib El Bazi

Dans une nouvelle sortie médiatique digne des bulletins de victoire inventés, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé que l’Espagne serait revenue sur sa décision de soutenir la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Une information pour le moins surprenante, surtout pour… l’Espagne elle-même, qui n’en a visiblement jamais été informée.

Le ministère espagnol des Affaires étrangères, probablement très curieux de découvrir les nouvelles de ses propres décisions dans les médias algériens, a rapidement démenti toute reculade. Madrid a rappelé, avec ce flegme propre aux diplomaties sûres d’elles, que son soutien à l’initiative marocaine d’autonomie, exprimé dans la déclaration conjointe du 7 avril 2022 et réitéré en février 2023 à Rabat, demeure inchangé.

Mais M. Tebboune, toujours prêt à jouer les illusionnistes politiques, a expliqué que l’Espagne aurait cédé sous la pression économique algérienne, évoquant un chiffre magique de 7 milliards d’euros. Un scénario parfait pour un téléfilm de la télévision d’État algérienne, nettement moins crédible dans les cercles diplomatiques européens.

En réalité, c’est bien Alger qui, furieuse du rapprochement hispano-marocain, avait suspendu unilatéralement le traité d’amitié avec Madrid et gelé les échanges commerciaux, avant de constater que l’Europe ne se laissait pas facilement impressionner par les gesticulations bilatérales.

Le président Tebboune tente aujourd’hui, en bon scénariste de politique-fiction, de faire croire à son opinion publique que l’Espagne est sur le point de revenir à la “raison”, alors que celle-ci consolide chaque jour un peu plus son alliance stratégique avec le Maroc. Sécurité, migration, commerce, énergie… autant de dossiers sur lesquels Rabat et Madrid avancent en binôme, au grand dam d’un voisin qui cherche désespérément à remettre en scène un conflit que plus personne ne veut jouer.

L’Union européenne, quant à elle, s’est dite à plusieurs reprises préoccupée par la politique de rupture menée par l’Algérie à l’égard d’un État membre, et appelle régulièrement au respect des accords de libre-échange. À Bruxelles, les gesticulations algériennes n’amusent plus personne.

Pendant ce temps, à Rabat, les choses sont claires. Nasser Bourita et José Manuel Albares réaffirment leur partenariat, parlent d’avenir et tracent la voie d’une coopération régionale fondée sur la confiance. Et face aux “vœux pieux” algériens, la diplomatie espagnole préfère les faits : une position inchangée et assumée, au grand dam de ceux qui rêvaient d’un virage imaginaire.

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