Dans un climat où la diaspora marocaine réclame plus de transparence et de représentativité, une affaire vient jeter le trouble : celle de Hicham Chakir, un personnage qui semble confondre titre honorifique et fonction étatique. Depuis quelques semaines, ce dernier multiplie les déclarations tapageuses et les publications à teneur officielle, prétendant représenter les Marocains du monde. Problème : aucun acte légal, ni aucun texte réglementaire ne vient appuyer ses affirmations.
Dans un communiqué publié en ligne, M. Chakir se présente comme le représentant des Marocains résidant à l’étranger. Une fonction de haut niveau, normalement attribuée par dahir royal, et qui aurait vocation à remplacer, ou du moins prolonger, les anciennes missions du ministère délégué chargé des MRE. Il s’agirait donc d’un poste central, stratégique, et surtout strictement encadré par les institutions de l’État marocain.
Or, selon plusieurs vérifications, aucune nomination officielle ne confirme cette prétention.
Pire encore, dans une autre publication diffusée sur Facebook, Hicham Chakir change de casquette pour se proclamer délégué permanent des compétences marocaines à l’étranger. Cette fois-ci, il ne s’agirait même plus d’un poste étatique, mais d’un intitulé forgé de toutes pièces dans le cadre d’une association privée ou ASBL (association sans but lucratif). Là encore, aucun statut officiel, aucun lien avec le gouvernement ou les institutions marocaines. Ce “poste” ne repose sur aucune base légale ni reconnaissance institutionnelle, ce qui soulève de graves questions sur la volonté de M. Chakir de se faire passer pour un représentant d’État sans en avoir le mandat.
Ce double discours, oscillant entre autorité imaginaire et communication d’influence, illustre une dérive préoccupante : celle d’individus qui s’arrogent des rôles publics dans le but d’acquérir visibilité, crédibilité… ou pouvoir. Dans un monde où l’image prend souvent le pas sur la réalité, cette stratégie peut tromper plus d’un citoyen de bonne foi.
Mais les faits sont têtus : on ne devient pas représentant d’une communauté nationale par simple publication sur Facebook. La représentation des MRE est une mission sensible, qui nécessite légitimité, transparence et encadrement institutionnel. Toute tentative de manipulation de cette confiance — surtout en se réclamant faussement d’un lien avec l’État — s’apparente à une usurpation de fonction, et devrait être traitée comme telle.
Alors que le Maroc œuvre pour renforcer ses liens avec ses ressortissants à l’étranger, il est plus que jamais crucial de faire la différence entre les véritables acteurs mandatés par les institutions, et ceux qui se construisent un costume de fonction sur mesure à des fins personnelles.