Crise entre Alger et Paris : l’arrestation d’un agent consulaire ravive les tensions

Majdi Fatima Zahra

Le climat déjà fragile entre l’Algérie et la France a de nouveau vacillé. Samedi 12 avril, tard dans la soirée, Alger a exprimé « sa vive protestation » après l’arrestation sur le sol français d’un de ses agents consulaires, soupçonné d’implication dans l’enlèvement de l’influenceur et opposant algérien Amir Boukhors, connu sous le nom d’Amir DZ.

« Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises », a prévenu le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué à la tonalité inhabituellement agressive. Alger a convoqué en urgence l’ambassadeur de France pour signifier son mécontentement et promet de ne pas « laisser cette situation sans conséquences ».

À Paris, la réponse se veut plus mesurée. « L’autorité judiciaire agit en toute indépendance », a rappelé une source diplomatique française, précisant qu’aucun commentaire ne serait fait sur une enquête en cours. Un rappel au droit destiné à calmer le jeu, sans pour autant céder aux exigences algériennes.

Trois hommes, dont l’agent consulaire incriminé, ont été mis en examen vendredi par la justice française pour « arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire » en lien avec une entreprise terroriste, selon le Parquet national antiterroriste. Ils sont aussi poursuivis pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et ont été placés en détention provisoire.

Pour Alger, c’est une humiliation. Le ministère fustige une arrestation opérée « en pleine voie publique » sans notification diplomatique préalable, et rejette en bloc l’enquête française, qualifiée de « cabale judiciaire inadmissible ». La principale preuve contre l’agent consulaire ? Son téléphone aurait borné près du domicile d’Amir Boukhors — un élément que les autorités algériennes jugent « vermoulu et farfelu ».

Dans son communiqué, Alger accuse Paris de vouloir torpiller le processus de relance des relations bilatérales, pourtant récemment amorcé par un appel entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. L’Algérie exige la libération « immédiate » de son agent et brandit la menace de représailles.

Cette affaire s’ajoute à une série de crises. Depuis l’été 2024, les relations franco-algériennes ont été ébranlées par le soutien affiché d’Emmanuel Macron au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, une décision perçue comme une trahison par Alger. L’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal a encore tendu l’atmosphère.

Alors que les deux capitales tentaient timidement de renouer le dialogue, ce nouvel incident risque de refermer brutalement la porte, renvoyant Alger et Paris dans une spirale de défiance réciproque.

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