À Bruxelles, la moitié des individus arrêtés en septembre étaient sans papiers
L’attentat commis par un Tunisien clandestin le 16 octobre à Bruxelles a mis en lumière la situation des personnes en situation irrégulière dans la capitale belge. Le chef de la police a révélé que ceux-ci représentent la moitié des individus interpellés le mois dernier.
Plus de la moitié des arrestations auxquelles a procédé la police bruxelloise concernaient des personnes en situation irrégulière en Belgique, au mois de septembre. Ce chiffre impressionnant a été donné au quotidien belge néerlandophone De Tijd , par le chef de la police de Bruxelles en personne, Michel Goovaerts. «Nous avons arrêté 585 individus, dont 298 immigrés clandestins, en septembre», a-t-il précisé.
L’immigration clandestine et le maintien sur le sol belge d’individus sans titre de séjour, notamment suite au refus de leur demande d’asile, est au cœur du débat politique belge depuis l’attentat du 16 octobre dernier, commis par un Tunisien sans papiers – dont on a appris de surcroît qu’il faisait l’objet d’une demande d’extradition de la part de son pays d’origine. «Quiconque séjourne clandestinement dans notre pays n’a pas droit a une place dans la société», a notamment déclaré devant le Parlement le premier ministre libéral, Alexander De Croo.
Le quotidien De Tijd rappelle que, par définition, l’immigration illégale est difficile à mesurer en Belgique. La Vrije Universiteit Brussel estime qu’environ 112.000 personnes se maintiendraient illégalement sur le sol belge. Les autorités ont fait savoir qu’elles ont délivré 20.000 ordres d’expulsion environ chaque année.
L’auteur de l’attentat du 16 octobre qui a fait deux morts et un blessé, Abdesalem Lassoued, était entré clandestinement en Belgique avant d’y déposer une demande d’asile, rejetée en 2021. Cela ne l’a pas empêché de s’y établir, et de mener, d’après les images publiées sur son compte Facebook et consultées par les journalistes du Tijd, «une vie agréable». N’ayant pas de titre de séjour, il ne pouvait pas travailler en Belgique, mais son épouse possédait un salon de coiffure.
«Nous interpellons quelqu’un le matin et l’arrêtons de nouveau l’après-midi»
Les sans-papiers n’ayant officiellement pas le droit de travailler en Belgique, ils sombrent plus fréquemment que le reste de la population dans la délinquance. Selon Michel Goovaerts, Bruxelles est en proie à une recrudescence de vols rapides, notamment à l’arraché, «de sacs à main ou de montres» commis en bonne partie par des clandestins.
Les chiffres qu’il a donnés sur la part des clandestins parmi les personnes arrêtées par la police à Bruxelles rejoignent ceux d’autres communes belges : la ville flamande de Vilvorde indique par exemple avoir arrêté 67 immigrés clandestins, sur 147 arrestations au total depuis le début de l’année.
Même en cas d’infraction pénale, ces arrestations restent le plus souvent sans conséquence, déplore Michel Goovaerts. «Parfois, nous interpellons quelqu’un le matin et l’arrêtons de nouveau l’après-midi», explique-t-il. «Vous ne pouvez pas renvoyer les Marocains, les Algériens et les Tunisiens parce que leurs pays d’origine préfèrent se débarrasser d’eux. Et on manque de place et de personnel dans les centres d’asile fermés. Vous pouvez imaginer la frustration de nos policiers», ajoute-t-il.
En Belgique, les spécialistes de la radicalisation islamiste s’inquiètent également du vivier que représentent ces clandestins délinquants pour les organisations terroristes. Le cofondateur du centre de déradicalisation Ceapire, Ilyas Zarhoni, a notamment déclaré que «les personnes en situation irrégulière sont hors des radars pour les structures de prévention et de lutte contre la radicalisation».