Younès, violemment renversé par la police suite à une course-poursuite jeudi: « Je reconnais mes torts, mais ce n’est pas une raison pour m’écraser »
Anciaux
Jeudi, vers 17 h, une voiture de police a violemment percuté un jeune homme à moto à la suite d’une course-poursuite à proximité de la place Rouppe.
Younès a 18 ans à peine. Jeudi après-midi, il réparait sa moto avant de vouloir faire un tour dans le quartier pour l’essayer.
Il l’admet, à ce moment-là, il ne porte ni casque ni plaque d’immatriculation, « c’était juste pour faire un tour ». Un tour qui aurait pu lui être fatal, une voiture de police ayant repéré ses infractions décide de le suivre. « Je ne me suis jamais rendu compte qu’ils me suivaient, ils n’avaient pas mis les sirènes « , raconte Younès.
Après avoir remonté l’avenue Stalingrad vers la place Rouppe, il s’engage rue de Tournai et se retrouve face au fourgon venant en sens interdit, « je vais à gauche, ils vont à gauche, et puis je tourne sec à droite, ils vont sec à droite », et le choc. Younès est propulsé quelques mètres plus loin.
Le jeune homme est conduit par la police aux urgences du CHU Saint-Pierre. Verdict : une épaule déboîtée, un bras fracturé, des ecchymoses et éraflures sur l’entièreté du corps : « je ne sais plus plier les genoux, ni courber le dos. »
Younès raconte que, sur place, les policiers ont voulu procéder à sa déposition ainsi que lui poser quelques questions, mais le médecin s’y est opposé.
« Plusieurs sont morts comme ça »
Lundi après-midi, le bras en écharpe, Younès traîne avec ses potes qui font un peu de musculation à un jet de pierre de la place Anneessens. « Je sais que ce n’est pas bien ce que j’ai fait. Je reconnais mes torts, mais ce n’est pas une raison pour m’écraser. Il y en a plusieurs qui sont morts comme ça . » Pour lui et ses amis, la situation fait ostensiblement penser à d’autres dossiers où la police a percuté des jeunes en voiture avec une issue fatale, comme c’est le cas pour Sabrina et Ouassim, Mehdi ou encore Adil.
Depuis jeudi soir, et à la suite de cet évènement, le quartier Anneessens-Lemonnier est entré dans une spirale négative où les tensions s’exacerbent de plus en plus entre les jeunes, qui font part de leur colère, et la police qui a « augmenté sa présence dans le quartier ». Des tensions qui ont atteint leur paroxysme ce dimanche, où neuf personnes ont été arrêtées en raison de feux de voitures, ce que condamne Younès : « ils ont abusé. »
Depuis, le jeune et ses amis racontent subir des contrôles incessants de la part des forces de l’ordre, qui se refusent à tout commentaire. « Dès qu’on est un petit groupe, ils nous contrôlent et nous fouillent. Hier, ils ont frappé des jeunes, ils les pètent par terre et leur mettent un genou sur la nuque, comme George Floyd, et puis les embarquent. À moi, ils m’ont dit que j’aurais dû mourir. »