Bouteflika est parti, mais la Justice continue de lui réclamer de lourdes amendes en le menaçant de prison ferme : le triste destin d’un journaliste algérien
La rédaction
Quelle incroyable histoire. Le journaliste algérien Abdelkrim Zeghileche fait l’objet d’un acharnement et harcèlement judiciaire inédit. L’homme qui a avait été incarcéré à plusieurs reprises entre 2018 et 2020 risque de repartir une nouvelle fois en… prison parce que la justice algérienne le presse de payer l’énorme somme de 257 millions de centimes algériens qui représente le cumul de plusieurs amendes judiciaires qui lui ont été infligées dans pas moins de 6 procès tous liés directement à ses opinions politiques et sont travail de journaliste à Constantine où il avait lancé la web-radio Sarbacane pour défricher les tabous de l’actualité nationale et régionale à Constantine.
Curieusement, l’amende judiciaire la plus lourde dont doit obligatoirement s’acquitter notre confrère Abdelkrim Zeghileche est d’un montant de 200 millions de centimes algériens et concerne une condamnation pour « offense au chef de l’Etat », à savoir l’ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika, et pour l’ouverture de Radio Sarbacane sans autorisation. Bouteflika est officiellement parti, dégagé du pouvoir en avril 2019 et décédé dans l’indifférence générale le 17 septembre 2021, mais le journaliste Abdelkrim Zeghileche est toujours poursuivi et harcelé par la justice algérienne afin qu’il paie une lourde amende parce qu’il avait osé critiquer en 2018…. Abdelaziz Bouteflika !
C’est tout de même absurde de persécuter un journaliste algérien en 2021 pour une lourde amende concernant un supposé « délit » lié à… au Président déchu Abdelaziz Bouteflika. Des millions d’Algériens sont sortis le 22 février 2019 pour dire tout haut ce que le journaliste Abdelkrim Zeghileche clamait publiquement sur sa web-radio Sarbacane. Emprisonné brièvement en décembre 2019, il a été arrêté à nouveau en juin 2020, il a purgé une peine d’un an de prison dont six mois ferme et libéré en décembre 2020.
Par ailleurs, le 27 novembre 2018, Abdelkrim Zeghilèche, avait été reconnu aussi coupable de diffamation dans une autre affaire intentée contre lui par un activiste du mouvement associatif à Constantine proche des cercles de l’administration locale et des comités de soutien au président déchu. Dans cette affaire, il avait été condamné à une peine de deux mois de prison avec sursis assortie d’une amende de 50 000 DA après près de 50 jours d’emprisonnement.
Aujourd’hui, il risque d’être incarcéré à nouveau parce qu’il n’a plus les moyens de verser les 272 millions de centimes d’amendes judiciaires qui lui ont été infligées par la justice algérienne. Celle-ci lui a adressé officiellement la semaine passée une correspondance dans laquelle elle le met en garde contre les conséquences judiciaires néfastes de tout défaut de paiement. Autrement dit, le journaliste est menacé de prison ferme s’il est incapable de verser cette somme onéreuse de 272 millions de centimes. Détruit par plusieurs séjours en prison, brisé par les procès et la répression, Abdelkrim Zeghilèche a presque tout perdu sauf sa dignité et son courage. Sa web-radio Sarbacane a été fermée arbitrairement depuis fin 2018 et son matériel audiovisuel avait été saisi et son studio violemment perquisitionné. Notre confrère ne peut même pas travailler pour vivre à l’abri du besoin. Malgré cette précarité absolue, la justice algérienne veut une nouvelle fois le persécuter au nom… de l’arbitraire. Injuste…