Covid-19 : le retour du soft power marocain en Afrique subsaharienne

Dans le sillage de son engagement pris en avril de renforcer la solidarité Sud-Sud, le roi Mohammed VI a ordonné l’envoi d’aides médicales à 15 pays subsahariens.

La solidarité africaine a-t-elle retrouvé son sens à la faveur de la pandémie du Covid-19 ? Après Madagascar qui a offert des cartons de son remède, le Covid-Organics, à une vingtaine de pays africains pour les aider à faire face à la maladie du coronavirus, le Maroc s’est inscrit dans la même dynamique et vole au secours de quinze pays subsahariens avec aide médicale massive : 8 millions de masques, 900 000 visières, 600 000 charlottes, 60 000 blouses, 30 000 litres de gel hydroalcoolique, 75 000 boîtes de chloroquine et 15 000 boîtes d’azithromycine, le tout en provenance des usines marocaines conformément aux normes exigées par l’OMS. C’est beaucoup plus que la Chine et ses six millions de masques distribués aux 54 États africains. « Le roi Mohammed VI a donné ses hautes instructions pour l’acheminement d’aides médicales à plusieurs pays africains frères. Cette aide vise à fournir du matériel médical préventif, afin d’accompagner les pays africains frères dans leurs efforts de lutte contre la pandémie du Covid-19 », indique un communiqué du ministère marocain de la Santé.

Un signal fort pour la coopération Sud-Sud

Concrètement, le royaume chérifien est passé rapidement des actes aux paroles. Depuis dimanche 14 juin, le cargo de la compagnie aérienne Royal Air Maroc s’active de nouveau sur les tarmacs des aéroports africains. Nouakchott, Dakar et Niamey ont été les premières capitales à recevoir ces dons en médicaments et équipements. « L’envoi de cette aide, composée de matériel et d’équipements médicaux, intervient au moment opportun pour nous en Mauritanie, dans la mesure où elle permettra de soutenir le gouvernement dans cette période très difficile pour faire face à la propagation de la pandémie », s’est réjoui le chef de la diplomatie, Ismail Ould Cheikh, dans une déclaration à l’agence de presse marocaine.

« Le don extrêmement important que SM le roi a bien voulu faire pour le Sénégal dans le cadre de la riposte contre le Covid-19 est l’expression d’une grande solidarité et d’une fraternité, mais surtout de l’amitié liant nos deux peuples », a souligné le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr qui a réceptionné au nom du président sénégalais Macky Sall cette aide médicale marocaine.

Au moment où nous écrivons ces lignes, les vols se poursuivaient, le Congo, le Burkina Faso ainsi que la Guinée ont déjà été livrés. Le roi Mohammed VI avait annoncé dès le mois d’avril le lancement d’une « action de solidarité » en faveur des pays africains pour permettre « un partage d’expériences » dans la gestion de la pandémie. Ce pays de 35 millions d’habitants a été relativement épargné par le nouveau coronavirus, avec 8 793 cas de contamination et 212 décès officiellement recensés. Mais surtout le royaume chérifien s’est distingué dès le début de la crise en transformant ses usines de textiles en usines de fabrication de masques. Ainsi, au moins 7 millions de masques à usage unique et un million de masques en tissu sortent chaque jour des chaînes de production. À l’heure où les autorités marocaines ont décidé d’entamer un déconfinement plus franc cette semaine avec la réouverture des entreprises, le redémarrage n’est pas aussi évident pour d’autres pays, notamment du Sud, et les principaux partenaires internationaux sont trop absorbés par leurs propres défis.

Bénéficier de l’expérience du royaume

Il faut souligner que cette initiative intervient à un moment où les incertitudes planent autour de l’accélération de la pandémie sur le continent africain, jusqu’ici relativement épargné. Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’épidémie gagne du terrain. «  Il a fallu 98 jours pour atteindre la barre des 100 000 cas détectés, et 18 seulement pour franchir celle des 200 000  », pointait, la semaine dernière, Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique : «  Même si ces cas enregistrés en Afrique représentent moins de 3 % du total mondial, il est clair que la pandémie s’accélère. L’action rapide et précoce des pays africains a contribué à maintenir ces chiffres relativement bas, mais une vigilance constante est nécessaire pour empêcher que le Covid-19 ne submerge les établissements de santé  », a-t-elle ajouté. Bien qu’un temps submergé par les cas de coronavirus, le royaume chérifien a décidé que tous les futurs cas de Covid seront regroupés dans deux structures sanitaires localisées à Benslimane et Benguérir.

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