La Crise de l’autorité au Maroc, l’autoritarisme et le ‘’matrimonialisme’’
L’intérêt ou la particularité de ce point de vue sur l’autorité est de prendre en considération la diversité des formes de vie, des rituels, des institutions… Et au lieu de faire de l’autorité un objet spécifique et localisé, ce point de vue la conçoit comme une propriété inhérente à toutes les formes de la vie collective. Il y a autant de communautés que d’individus qui parlent en leurs noms, il s’agit de la parole collective. Toutefois, il faut bien des gens pour faire parler les institutions, pour dire la loi, le but, le rituel, pour représenter des groupes auprès des autres groupes. C’est pourquoi, ceux qui annoncent la fin de l’autorité ne mesurent pas bien la portée de la prophétie qui consiste en le monde sans autorité. Car un monde sans autorités serait un monde sans vie collective, un monde vidé d’appartenance et de solidarité. Ce monde existe déjà dans les imaginaires de certains économistes : c’est le marché dans sa forme pure, c’est-à-dire un monde social réduit à des transactions fondées sur des échanges intéressés, mais ce n’est qu’un rêve bien sûr.
Par ailleurs, il ne se passe pas un jour sans qu’on entende un décideur se plaindre de la crise de l’autorité et de l’insubordination des personnes qui travaillent sous ses ordres. En effet, la question de l’autorité devient de plus en plus obsédante pour les décideurs de toutes les administrations, de quelque niveau hiérarchique que ce soit. A cet effet, nous nous permettons de donner un avis critique aux lecteurs sur la raison utilitaire de l’idéologie ultralibérale imposée au Maroc par les oligarques du pouvoir au plus haut niveau de l’Etat et leur donneur d’ordre, le grand capital apatride qui réduit la société marocaine aux échanges économiques aux dépens de l’autorité. Ainsi ce point de vue est-il susceptible d’attirer l’attention du lecteur sur ‘’la critique sociale’’.
En effet, au Maroc, nous sommes en face d’un peuple qui est devenu une proie pour un pouvoir autoritaire, autoritariste et ‘’patrimonialiste’’ utilisant l’Etat au bénéfice de ses oligarques et du grand capital transnational. Quand il y a dans un pays une cohésion entre les décideurs et le peuple, il n’y a rien à craindre. Par contre, quand il n’y a pas un peuple derrière les décideurs, quand il y a un fossé et une rupture entre les décideurs et les administrés, alors le pays devient faible et fragile pour les ennemis intérieurs et surtout extérieurs qui le convoitent. D’où l’affaiblissement et la perdition de l’Etat et de son autorité.
Après avoir donné brièvement notre point de vue sur l’autorité et la confusion de celle-ci avec l’autoritarisme, nous allons essayer de donner la fois prochaine notre avis sur les raisons de la crise de l’autorité qui régit pratiquement toute la société marocaine.