Belgique. Lâché de toutes parts, le Premier ministre belge présente sa démission
Dix jours après avoir perdu le soutien des nationalistes flamands de la N-VA, le Premier ministre belge a tenté mardi une ultime opération séduction devant le parlement. L’accueil a été glacial : face à la menace d’une motion de censure de l’opposition, Charles Michel a préféré présenter la démission de son gouvernement.
“Charles Michel proposait aux parlementaires de repartir d’une page blanche. Trop peu, trop tard : il n’a pas convaincu”
Le Premier ministre belge se sera pourtant battu jusqu’au bout. Privé de majorité depuis le départ des nationalistes flamands, farouchement hostiles au pacte mondial de l’ONU sur les migrations, défendu par Bruxelles, Charles Michel espérait encore convaincre le parlement de “constituer une ‘coalition de bonne volonté’ afin de poursuivre le travail politique jusqu’aux élections du 26 mai”.
“Il avait proposé une ‘feuille de route’ reposant sur trois chantiers : le pouvoir d’achat, la sécurité et le climat” – un programme jugé trop à gauche pour ses alliés, mais trop timoré pour l’opposition, ajoute le quotidien. Les socialistes s’apprêtant à déposer une motion de méfiance, cosignée par les Verts, M. Michel a pris acte de son échec.
“J’ai constaté que mon appel n’a pas convaincu. J’ai compris qu’il n’a pas été entendu”, a déclaré le Premier ministre devant les députés, “Je dois donc le respecter et prendre note de cette situation. Je prends la décision de présenter ma démission”.
“La liturgie habituelle de la crise”
M. Michel, qui avait pris le pouvoir en 2014, s’est immédiatement rendu chez le roi, Philippe de Belgique, qui a pris acte de sa demande mais a réservé sa réponse, le temps de consulter les chefs de partis.
“Cela signifie-t-il que l’on va devoir retourner aux urnes dans 40 jours ?”, “Pas nécessairement puisque la décision d’organiser des élections anticipées relève de la responsabilité du gouvernement et donc de Charles Michel”, observe la radiotélévision publique belge.
Le Soir, qui voit se mettre en place “la liturgie habituelle de la crise”, juge également peu plausible un retour aux urnes avant l’échéance prévue du 26 mai prochain. “L’organisation d’élections anticipées paraît peu probable. La majorité des partis politiques se montrent jusqu’à présent très frileux, à l’exception notable de la N-VAqui dit ne pas les craindre”, écrit le quotidien de Bruxelles. “Sont-elles pour autant exclues ? Tout le monde est désormais passé en ‘mode électoral’, confiait-on mardi soir dans un cabinet ministériel”.
Le royaume de Belgique et ses 11 millions d’habitants sont coutumiers des crises gouvernementales. Entre mi-2010 et décembre 2011, le pays avait connu une période de 541 jours sans gouvernement de plein exercice. Et c’est avec une certaine fatalité que le quotidien flamand De Morgen voit se profiler, une fois encore, “une longue et sombre période d’instabilité institutionnelle avec des gouvernements paralysés”.