Maroc : Médiouna, la décharge sauvage qui empoisonne Casablanca
La plus grande décharge publique du royaume est un gigantesque dépotoir à ciel ouvert, où gisent plus de 40 millions de tonnes de déchets industriels et ménagers.
Hamid ne les sent même plus. Les odeurs nauséabondes de putréfaction. Le parfum des déchets qui se décomposent lentement dans le sol. Chaque jour, il plonge dans une montagne d’immondices, sans masque ni gants. Près de quarante-cinq mètres de détritus entassés sur une surface de soixante-dix hectares, aux portes de Casablanca, servant de nourriture au bétail et de gagne-pain aux chiffonniers.
Ces récupérateurs informels se ruent sur les camions-bennes pour ramasser tout ce qui peut être vendu aux entreprises de recyclage locales ou à l’export. « Ici, on fait du business. Vous voyez cette montagne de poubelles ? Ça vaut de l’or », confie Hamid. Autour, des « rivières » de ce lixiviat, jus extrêmement polluant produit par l’eau de pluie traversant les ordures, débordent sur la route et donnent la nausée aux automobilistes. Le soir, une fumée noire et âcre mêlant des résidus toxiques empoisonne l’air des riverains.
Bienvenue à Médiouna, « la poubelle de Casablanca », résume Salaheddine Aboulghali, président de la commune du même nom, député et homme d’affaires. La plus grande décharge publique du Maroc, un gigantesque dépotoir sauvage à ciel ouvert, où gisent plus de 40 millions de tonnes d’ordures ménagères provenant de la capitale économique et ses 4 millions d’habitants.
Les habitants de Casablanca ont, aux portes mêmes de leur grande ville, une décharge publique sauvage, non contrôlée, à ciel ouvert, où sont déversées et enfouies des ordures de toute nature, qui ont pollué et empoisonné gravement la nappe phréatique de ce site, pour de très nombreuses années. Ce dépotoir sauvage a vu le jour dans les années 1980.
L’environnement des alentours dudit dépotoir a été totalement ravagé. Les odeurs nauséabondes, pestilentielles, provenant des biogaz, extrêmement toxiques, qui s’en dégagent et que l’on respire, sont cancérigènes…
Les différents élevages de moutons, de chèvres et de vaches qui y sont pratiqués, depuis une quinzaine d’années déjà, en toute impunité, comme cela a déjà été rapporté par différents journaux marocains, sont connus de tous. Le silence du Conseil de la ville à ce sujet est totalement incompréhensible et condamnable.
Pis encore, cette décharge publique, en plus des différents problèmes écologiques, environnementaux et sanitaires qu’elle cause, est attenante à la forêt de Bouskoura. Cette promiscuité constitue une menace réelle et permanente pour la survie de cette forêt, seul poumon qui fournit de l’oxygène aux habitants des alentours et également à la grande ville, tant polluée, de Casablanca.
Une question de moyens?!
Le Conseil de la ville de Casablanca (une instance chargée de la gestion de ce dépotoir et chapeautée avait décidé, comme l’avaient alors rapporté plusieurs journaux marocains, de déplacer ladite décharge sur un autre site, prévu à cet effet et préserver ainsi la forêt de Bouskoura, pour le bien-être et la santé des Casablancais.
Finalement, ce même conseil, censé défendre les intérêts sanitaires et écologiques des habitants, a, sans raison, fait un revirement total sur cette sage décision. Il a non seulement décidé de maintenir la décharge à son emplacement actuel, mais de l’étendre encore de quelques dizaines d’hectares supplémentaires, jusqu’à totalement asphyxier, étouffer et faire suffoquer la forêt de Bouskoura, qui subira ainsi toutes les conséquences néfastes de cette décharge sauvage et incontrôlée.
C’est catastrophique, criminel et irresponsable! On voudrait assassiner toute une forêt, aussi importante que celle de Bouskoura, parce qu’on est incapables de résoudre un problème des plus gravissimes qui, depuis de nombreuses années, s’accentue jour après jour, à savoir celui de la décharge publique sauvage, dite de Médiouna.
Les citoyens ont le droit de savoir que les représentants du Conseil de leur ville, de par une décision irréfléchie, vont assassiner et massacrer la seule et unique forêt qui donne de l’oxygène à une ville aussi polluée que Casablanca. Ce conseil de la ville se montre incapable d’apporter une solution durable et définitive à une catastrophe écologique et environnementale qui n’a que trop duré et qui sera certainement dévastatrice.
A qui voudrait-on faire croire qu’une métropole aussi grande que Casablanca, où la quasi-totalité des activités du secteur secondaire et tertiaire du pays sont concentrées, n’a pas les moyens de se doter d’une décharge moderne? Une décharge respectueuse de la santé, de l’écologie et de l’environnement de ses habitants?
Les gens ne sont pas dupes et ne peuvent croire à de tels mensonges. Outre le droit au respect de leur santé et de leur environnement, ils ont le droit de savoir où va l’argent public des contribuables. Cet argent public supposé améliorer la qualité de leur vie et de leur environnement.
La décharge publique actuelle du grand Casablanca est digne d’une autre ère. C’est une honte. Elle a constitué et présente perpétuellement une menace extrêmement nuisible pour la faune, la flore et la santé des citoyens, qui en pâtissent.
Préserver la forêt de Bouskoura
Casablanca, Médiouna et tous ses environs méritent beaucoup mieux que cette calamité qu’ils subissent de plein fouet.
La forêt de Bouskoura doit être préservée etsauvée. C’est un patrimoine des plus précieux, que tout le monde doit chercher à sauvegarder, coûte que coûte. Il y va de notre santé, de celle de nos enfants et de celle des générations à venir.
Cette protection s’impose, d’autant plus que cette forêt est souvent victime des épisodes de sécheresse à répétition que connaît le Maroc depuis un certain nombre d’années.
Si rien n’était fait pour voler au secours de cette forêt, on risquerait de le regretter amèrement. Nos remords ne serviraient alors à rien, puisque nous n’aurions plus que nos yeux pour pleurer.
Ne soyons pas complices d’une mort annoncée, certaine et avec préméditation, de la seule forêt qui approvisionne la grande ville polluée de Casablanca en un oxygène si vital, primordial et indispensable.
Dernièrement, pour faire mieux et résoudre ce problème épineux promptement, le wali du Grand Casablanca, de bonne foi, a voulu prendre en mains ce problème. Cependant, en adoptant la même décision que celle de l’ex-maire de la ville, réussira-t-il, à apporter, à cette décharge, une solution respectueuse des lois et règlements?
Nous pensons qu’il sera dans l’illégalité la plus totale.
En effet, cette décharge au moment de son installation, n’a pas du tout reçu l’aval des autorités locales, pour qu’elle soit créée sur leur territoire. Ces autorités et les habitants l’ont donc subie, à contrecœur et de plein fouet. Son existence est tout à fait illégale. Vouloir l’étendre davantage constitue une transgression manifeste des lois et règlements, qui sera commise par le wali, qui ajouterait ainsi encore plus d’illégalité à l’illégalité déjà existante.
Quelle bonne leçon de civisme et de démocratie à donner à l’ensemble de la population marocaine!
Ce dossier serait alors une nouvelle fois, comme par le passé, « bâclé », au grand mépris et des Casablancais et de l’environnement, qui en sont les grandes victimes.
Sauf que cette fois-ci, en rouvrant les yeux, la forêt de Bouskoura aura totalement disparu, sous le rouleau compresseur de cette décharge dévastatrice qui ne cesse de progresser… dangereusement.
Ce gros problème désastreux ne pourra être résolu impartialement, dans le respect de l’environnement et des législations régissant la matière, que par l’intervention directe de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Seule l’auguste intervention du Souverain permettrait à ce problème d’une extrême gravité de trouver la solution adéquate et durable qui s’impose, pour la sauvegarde de la forêt et pour le bien-être de tous.