Maroc : l’usine Dacia trois fois moins chère que celle de Roumanie
Renault, en pleine accélération grâce à son site Dacia de Tanger, classe ce pôle ouvert en 2012 dans le top 5 de ses usines les plus performantes et rentables.
Renault tres performant avec l’usine de Tanger au Maroc qui assemble des Dacia
Renault très performant avec l’usine de Tanger au Maroc qui assemble des Dacia © DR
En pleine accélération industrielle depuis son ouverture en 2012, l’usine Renault de Tanger produit une voiture toutes les minutes, exporte dans 74 pays au départ du port voisin et attire au Maroc un essaim de sous-traitants.
« L’usine est montée en puissance extrêmement rapidement, elle a fêté son millionième véhicule en juillet dernier et se place dans le top 5 des sites de production » du groupe, se félicite le directeur général pour le Maroc, Marc Nassif.
Sur ce site de 300 hectares situé à une trentaine de kilomètres du port de Tanger Med, tout a été conçu pour la réduction des coûts, la productivité. De la découpe des tôles à la sortie des voitures rutilantes, en passant par l’emboutissage, la tôlerie, la peinture et le montage, tout est minuté. Le moindre geste des ouvriers est calculé, dans les tunnels de lumière blanche. Les 1 200 véhicules qui sortent chaque jour de l’usine arrivent au pied des navires en 40 mn de train pour exportation vers l’Europe, les pays du Golfe, l’Afrique et, depuis peu, Cuba.
Renault très performant avec l’usine de Tanger au Maroc qui assemble des Dacia © DR
Le quai d’embarquement se trouve à 30 kilomètres de l’usine et il est desservi par quatre à cinq trains quotidiens.
Renault Maroc est devenu « un contributeur à hauteur de 10 % des volumes mondiaux vendus par le groupe : en 2017, avec 370 000 véhicules produits au Maroc », où la marque se pose comme « l’acteur principal du marché national », souligne Marc Nassif. Pour lui, « ce qui fait la performance du système industriel, c’est le volume de production et les infrastructures de premier plan » développées par les autorités marocaines dans une région encore « en sous-activité à la fin du siècle dernier ».
L’industrie locale s’est développée, des fournisseurs étrangers se sont installés et « la moitié du véhicule produit est sourcé marocain, avec un objectif minimal de 65 % en 2023 », afin également de réduire les coûts de production, selon le patron de Renault Maroc.
Énergie au grignon d’olive
« On est sur un rythme stabilisé de production maximale, on vise 330 000 pour cette année », complète Renaud Le Gal, directeur de l’usine, où quatre modèles de voitures d’entrée de gamme sont produits. À vrai dire, toutes les Dacia sont des entrées de gamme, mais le site fabrique les petites Sandero, le monospace Lodgy, l’utilitaire léger Dokker et sa version ludospace.
Le site de Tanger emploie 8 600 personnes et « 100 % du personnel est marocain », avec des salaires légèrement supérieurs au minimum local, autour de 250 euros par mois, selon Renault. Après les tensions sur les salaires à l’usine historique de Dacia à Pitesti en 2015, l’atout salarial de Tanger est manifeste avec un rapport, pour les opérateurs de base, de 1 à 3 vis-à-vis de la Roumanie et de 1 à 10 avec la France. Personnel jeune, avec peu d’ancienneté, le Maroc fonctionne aussi avec des semaines de travail de 44 heures, 18 jours de congés annuels plus douze jours fériés.
Au-delà des performances industrielles, une des grandes fiertés du directeur du site, c’est le « zéro émission de CO2 » : l’électricité provient majoritairement d’un immense parc éolien situé à proximité, l’énergie thermique est produite à partir de la combustion de grignons d’olive – traditionnellement utilisés dans les campagnes marocaines – et de palettes de bois broyées. Pour le moment, 10 % des terrains sont construits à Tanger, l’installation d’une ligne de production de l’allié Nissan un moment évoquée étant toujours au point mort. Mais Nissan a aussi sa marque low cost avec Datsun qui pourrait un jour arroser le continent africain au départ de Tanger.