Sidi Rahal, plage extrême : entre farniente, jet-ski et traumatisme crânien

Majdi Fatima Zahra

SIDI RAHAL – Ce qui devait être une paisible journée de vacances s’est transformé en scène digne d’un croisement entre Fast & Furious et un film catastrophe version balnéaire. La petite Ghita, 4 ans, venue d’Italie pour découvrir les joies du sable marocain, a malheureusement découvert qu’à Sidi Rahal, les plages ne sont pas seulement peuplées de parasols et de vendeurs de beignets, mais aussi de 4×4 aux ambitions nautiques.

Jet-ski à domicile, ou comment transformer une plage en circuit

Le 15 juin dernier, un Touareg, ce fier destrier motorisé des dunes et du centre-ville, tractait nonchalamment un jet-ski comme on promène un chien. Il ne s’attendait visiblement pas à devoir ralentir pour un enfant, des vacanciers ou, disons, le bon sens. À vive allure – car la lenteur est manifestement réservée aux piétons et autres faibles – le conducteur a traversé la plage comme s’il rejoignait une ligne de départ invisible. Résultat : une petite fille percutée, un crâne fracturé, et une nation choquée.

Mais qu’on se rassure : le jet-ski, lui, va bien.

Une plage en roue libre

Ce drame remet en lumière une vérité connue de tous, mais rarement actée , au Maroc, les plages sont des territoires sans foi ni code de la route. Entre les quads qui slaloment entre les serviettes, les motos qui font des rodéos à côté des châteaux de sable, et les pick-ups qui se garent littéralement au bord de l’eau, il devient de plus en plus difficile de distinguer une station balnéaire d’un terrain vague post-apocalyptique.

Les forces de l’ordre, quant à elles, préfèrent souvent admirer le coucher du soleil que celui de la légalité.

Justice : un espoir en maillot de bain ?

Le conducteur, désormais détenu à Berrechid, n’en est pas à son premier rodéo. Selon nos sources, il aurait déjà été verbalisé pour stationnement illégal sur des zébras (et non des zèbres, bien que le niveau de conscience soit équivalent). Il devra désormais répondre de ses actes devant la justice. Espérons que cette fois, le juge ne considérera pas la plage comme une zone grise du Code de la route.

Ghita : miraculée d’un pays en dérapage

Après une semaine en soins intensifs, une opération chirurgicale complexe et le soutien inconditionnel de ses proches, la petite Ghita est enfin sortie de clinique. Son avenir reste incertain, mais elle est en vie. Ce qui, dans le contexte marocain, relève presque du miracle.

Car dans un pays où les plages sont livrées à elles-mêmes, où un jet-ski se gare plus facilement qu’une ambulance, où l’on confond souvent “liberté” et “anarchie motorisée”, la sécurité reste un concept flou – quelque part entre “inchallah” et “ça passe”.

À quand des plages pour les humains ?

Le drame de Ghita doit sonner l’alerte : la plage n’est pas un terrain de jeux pour véhicules. Les enfants ne devraient pas avoir à survivre à une traversée de 4×4 pour profiter de leurs vacances. Peut-être est-il temps de reléguer les véhicules motorisés… là où ils sont censés être  , sur la route. Et de rendre à nos plages ce qu’elles n’auraient jamais dû perdre ,la paix, la sécurité, et un minimum de décence.

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