Bruxelles : Le MR relance la reconnaissance du Sahara marocain dans une manœuvre à double lecture

Bouchaib El Bazi

Le Mouvement Réformateur (MR) remet sur le devant de la scène un sujet hautement sensible en Belgique comme au Maghreb , la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Dans une proposition déposée au Parlement bruxellois, le parti libéral appelle à un soutien explicite en faveur du Royaume du Maroc, dans une démarche assumée de « diplomatie économique proactive ».

Derrière cette initiative se dessinent à la fois une stratégie d’influence régionale et une opération politique ciblée. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, avait déjà plaidé en faveur d’une telle reconnaissance dans un entretien récent à La Libre Belgique, suscitant la réserve, voire l’irritation, du ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot (Les Engagés). Ce dernier garde, à ce stade, une prudente distance vis-à-vis d’un débat qu’il considère comme hautement diplomatique et potentiellement inflammable sur le plan européen.

Une ouverture économique dans le Sud marocain

La résolution du MR ne se limite pas à l’aspect symbolique. Elle appelle également à l’ouverture d’une antenne économique bruxelloise dans le sud du Maroc, un geste concret qui s’inscrit dans une logique de positionnement stratégique en Afrique de l’Ouest. Le député libéral Amin El Boujdaini résume l’enjeu en ces termes .

« C’est là que se construit l’Afrique économique de demain. »

Un argumentaire qui rejoint la ligne du MR sur l’ancrage du Maroc en tant que partenaire stable, fiable et incontournable sur la scène africaine. Cette lecture économique de la question saharienne permet de contourner, en partie, les tensions diplomatiques qui entourent encore le dossier au niveau européen.

Une manœuvre politique en direction de l’électorat d’origine marocaine

Mais cette offensive diplomatique est aussi, et peut-être surtout, à lire à travers le prisme électoral. Depuis plusieurs années, le MR multiplie les signaux de rapprochement avec l’électorat bruxellois d’origine marocaine. Cette proposition de résolution s’inscrit dans une stratégie de séduction à peine voilée. Dans un contexte où les clivages communautaires et identitaires influencent de plus en plus les scrutins locaux, le soutien à la cause saharienne devient un marqueur politique auprès d’une partie de l’électorat marocain, traditionnellement méfiant vis-à-vis des partis de droite.

Si cette résolution venait à être adoptée, elle constituerait un précédent significatif dans l’histoire des relations belgo-marocaines, mais elle risquerait aussi d’attiser certaines crispations, tant à l’intérieur du paysage politique belge qu’auprès d’alliés européens plus prudents sur le dossier du Sahara.

 

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