Trois Marocains dans un avion : alerte rouge sur le tarmac de la bêtise

Bouchaib El Bazi

Bruxelles, 2025. Scandale d’État. Crise nationale. Tremblement dans la presse subventionnée. On a aperçu… tenez-vous bien… trois Marocains ensemble dans un aéroport. Pire encore , ils se connaissent ! Pire que pire , ils ont pris le même avion ! Et là, comme d’habitude, surgit le rédacteur inquiet qui relit “Tintin au pays des barbus” avant chaque bouclage ,« Et si c’était un réseau ? Une opération ? Un retour déguisé de la menace marocaine en costard-cravate ? »

Ce lundi donc, La Libre s’est fendue d’une “exclusivité” sur le retour de Mohamed Toujgani, ancien imam expulsé dans une grande opération médiatico-politique en 2022, devenu entretemps… un homme qui voyage en avion. On y apprend, avec gravité, qu’il était “accompagné” (quel mot lourd de soupçons) par Mourad Maimouni, conseiller communal bruxellois et tête de liste de la Team Fouad Ahidar. Selon le journal, “les deux hommes se connaissent bien”. Voilà. C’est tout. Le reste est affaire d’imagination paranoïaque.

On vous arrête tout de suite , il ne s’agit pas d’un cartel, ni d’un complot islamo-socialo-royaliste. Juste de trois Belgo-Marocains — un élu, un imam et un citoyen — qui reviennent du Maroc. Ensemble. Comme des centaines d’autres Belgo-Marocains en été, en hiver, et parfois même entre deux saisons. Et ça suffit pour faire froncer les sourcils de certains journalistes qui voient dans chaque chéchia un risque sécuritaire.

Mais au fait, c’est quoi exactement le crime ? Se connaître ? Voyager ensemble ? Être de la même origine ? Si la logique de l’article tenait, alors il faudrait surveiller chaque vol Charleroi-Fès, interdire les retrouvailles dans les mariages communautaires, et placer sous écoute les salons de thé du centre-ville. On frôle la dystopie bureaucratique version couscous paranoia.

Quant à Fouad Ahidar, encore une fois cité à travers sa “Team”, c’est devenu un peu comme mettre du piment harissa dans toutes les sauces , dès qu’on veut épicer un article sans contenu, on balance son nom. Pourtant, ni lui ni ses proches n’ont violé aucune loi. Pire : ils font de la politique au grand jour, ce qui en Belgique, devient visiblement suspect… quand on a le mauvais nom de famille.

Et Toujgani dans tout ça ? Est-il interdit à vie de rentrer dans le pays dont il a la nationalité ? Est-il censé vivre en exil pour satisfaire les fantasmes de pureté démocratique d’une poignée de chroniqueurs anxieux ? À ce rythme, même les vols low cost devront bientôt installer un compartiment spécial pour les passagers d’origine marocaine, histoire de rassurer l’Occident fragile.

Le véritable malaise n’est pas dans les photos ou les avions, mais dans l’obsession maladive à surinterpréter les faits les plus banals quand ils concernent des figures musulmanes, surtout marocaines, surtout engagées, surtout debout. Il serait peut-être temps que certaines rédactions prennent aussi… un peu l’avion. Pas pour fuir la réalité, mais pour la voir autrement que depuis le hublot de leurs peurs.

 

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