Quand on joue avec un scorpion dans sa manche : chronique algérienne d’un sabordage diplomatique

Bouchaib El Bazi

Pendant que l’Algérie multiplie les conférences pour « l’autodétermination » et les tweets grandiloquents contre le Maroc, la réalité, elle, s’amuse d’un paradoxe bien plus croustillant , voilà un pays qui, croyant mettre en échec la souveraineté d’un voisin millénaire, a réussi l’exploit de créer une mini-république armée… dans son propre salon.

Oui, l’affaire du Sahara marocain est une longue farce tragique, et l’Algérie y tient depuis le départ le rôle du marionnettiste qui jure qu’il n’a pas de ficelles dans les mains. Depuis les années 70, Alger arme, finance, héberge et internationalise le front Polisario avec une obstination digne d’un syndicat de pyromanes, tout en clamant haut et fort , « Nous ne sommes qu’un pays voisin, neutre et pacifique ». Sauf qu’à force de jouer à la neutralité avec des chars d’assaut, le monde entier a fini par comprendre le manège.

Une erreur stratégique digne d’un manuel d’échec diplomatique

Le coup de génie — ou disons plutôt de générosité suicidaire — aura été de confier, armes et bagages, le front Polisario à la wilaya de Tindouf. Un territoire algérien devenu zone grise, hors contrôle réel d’Alger, où une pseudo-république a fleuri comme un champignon toxique après la mousson.

Résultat ? Non seulement les responsables du Polisario se comportent comme des ministres sans État, mais ils osent désormais interdire aux citoyens algériens eux-mêmes d’entrer à Tindouf sans autorisation. Un État dans l’État, deux présidents pour une même région, et deux drapeaux qui flottent côte à côte, l’un imposé, l’autre toléré. C’est un peu comme si la Suisse installait le siège du Hamas à Lausanne, et découvrait un matin qu’elle ne pouvait plus y entrer sans visa.

La diplomatie du boomerang

Pendant ce temps, le Maroc avance. Lentement, mais sûrement. Plus de 90 pays reconnaissent aujourd’hui la marocanité du Sahara, dont des poids lourds africains, arabes, européens, et même caribéens (parce que l’Atlantique, lui, ne ment pas). Des consulats fleurissent à Dakhla et Laâyoune comme des bourgeons au printemps. L’ONU elle-même ne parle plus que de “solution politique réaliste et durable”, loin de l’utopie référendaire que l’Algérie essaie de ressusciter à chaque discours de son ministre aux affaires étrangères — alias le Che Guevara de l’African Union.

Pire pour Alger , même ses partenaires traditionnels commencent à se fatiguer. L’Union africaine ne fait plus de la question saharienne une priorité existentielle. L’Europe regarde ailleurs. Washington n’a pas bougé d’un pouce depuis la reconnaissance par Trump de la souveraineté marocaine. Et pendant ce temps, l’Algérie continue de dépenser des millions pour financer des lobbies, distribuer des passeports diplomatiques aux séparatistes, et organiser des colloques que plus personne ne couvre.

Un isolement à saveur de fin de règne

Il fut un temps où Alger faisait peur. Aujourd’hui, elle fait surtout pitié — ou au mieux, perplexité. Entourée de voisins qui entretiennent tous d’excellentes relations avec le Maroc (la Mauritanie, la Libye post-Kadhafi, sans parler du Sahel), l’Algérie ressemble de plus en plus à cette tante grincheuse que plus personne n’invite aux mariages. L’Espagne, l’Allemagne, les États-Unis, le Conseil de Coopération du Golfe , tous ont compris que le Sahara est marocain, et que le rêve d’une “République sahraouie” n’est qu’un fantasme fossilisé dans les bureaux climatisés du régime militaire d’Alger.

Le hic, c’est que ce régime — justement — n’a plus que cette cause pour justifier son autoritarisme. Sans “l’ennemi marocain”, il ne reste que la répression, le chômage, la migration et une jeunesse qui rêve de l’Europe. Le Polisario, c’est la dernière ficelle du rideau. Quand il tombera, c’est toute la scène militaire qui apparaîtra nue.

Une prophétie non pas marocaine, mais… logique

Il n’est plus exclu que le futur s’écrive non pas au Sahara, mais à Alger. Car le jour viendra où ce peuple, tenu à l’écart de ses richesses, manipulé par des généraux obsédés par le passé, demandera des comptes. Et quand le mythe du “Sahara occupé” s’effondrera comme une tente vide à Tindouf, alors apparaîtra l’ampleur de la supercherie.

Le véritable enjeu, ce n’est plus la marocanité du Sahara — elle est actée, géopolitiquement, diplomatiquement, économiquement. Le véritable enjeu, désormais, c’est la fin programmée d’un système militaire algérien qui s’est servi d’un conflit artificiel comme bouclier contre la démocratie.

« On ne joue pas avec le feu quand on dort dans une poudrière. »

– Proverbe saharien, non homologué par Alger.

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