Bruxelles, capitale de l’Europe, du chocolat… et des déceptions politiques en série. L’union de la gauche y ressemblait à un vieux rêve soixante-huitard, à peine réveillé, déjà recouché. Vendredi, Vooruit, le parti socialiste flamand au cœur rose mais au calendrier budgétaire bien bleu, a décidé de bouder la coalition “progressiste” rêvée par le PTB et la Team Fouad Ahidar. Résultat ? Une gueule de bois collective sur les bancs rouges du Parlement bruxellois.
Du côté du Parti des Travailleurs de Belgique, on ne mâche pas ses mots , pour Françoise De Smedt, présidente du groupe francophone, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un reniement idéologique en bonne et due forme. Traduction libre , Vooruit, ex-SP.A pour les nostalgiques, aurait troqué le social contre le libéral, la solidarité contre la rigueur, et le couscous partagé contre le plat réchauffé du MR. Car oui, selon De Smedt, Vooruit “s’aligne sur la N-VA et le MR”, en bon soldat de l’austérité. À ce rythme-là, le “progrès” cher à Vooruit semble avoir pris l’Eurostar… sans retour.
Comble de l’ironie , quelques heures avant de clore le bal des espoirs progressistes, Vooruit votait contre une motion de conflit d’intérêts pour freiner la réforme du chômage fédérale. Une réforme que même les tableaux Excel trouvent un peu dure. Résultat , la gauche se sent trahie, les chômeurs potentiels aussi, et les électeurs risquent d’avoir la mémoire longue – et la carte électorale encore plus rouge que leur compte en banque.
Et que dit la Team Fouad Ahidar ? Elle dégaine un communiqué digne d’un appel à la résistance. “Rupture de confiance !”, “opportunisme !”, “attitude irresponsable !”… Si le théâtre politique bruxellois manquait d’un peu de drame, le TFA y met du cœur. Ils dénoncent une mascarade où, avant même d’avoir commencé les négociations, certains sabordent le navire en affirmant qu’il n’y a rien à sauver. Pire encore , Vooruit, dans son numéro d’équilibriste budgétaire, se ferait le complice d’un jeu de dupes, au mépris des manifestants et des associations qui crient leur ras-le-bol depuis des mois.
“Politique à l’Arizona”, accuse le TFA. Comprenez , chaleur étouffante, désert idéologique et cactus partout. Avec ce virage à droite toute, même les cactus rouges de la gauche radicale n’y trouvent plus leur compte.
Pendant ce temps-là, silence radio chez les autres , PS, Ecolo, Groen… Tout le monde semble souffler dans sa tisane post-électorale, ou réviser son Kama-sutra de coalition. Il faut dire qu’à Bruxelles, les alliances sont parfois plus acrobatiques que progressistes. Et si l’on en croit les derniers rebondissements, la gauche plurielle a encore du mal à faire front commun sans se tirer dessus au lance-flammes de la moralité.
En attendant, les Bruxellois, eux, attendent. Une majorité ? Un cap ? Un gouvernement ? On verra. Mais pour l’instant, la gauche est surtout unie… dans la frustration.
Enfin, la fameuse coalition progressiste… Un concept noble sur le papier, souvent invoqué en période électorale, mais rarement appliqué dans la vraie vie politique. Un peu comme le régime méditerranéen ou les bonnes résolutions de janvier , tout le monde en parle, personne ne s’y tient.