RAM prépare une méga-commande auprès d’Airbus et Boeing dans le cadre de la Coupe du monde 2030

Bouchaib El Bazi

À l’aube d’un tournant stratégique majeur, la Royal Air Maroc (RAM) s’apprête à renouveler en profondeur son parc aérien avec une double commande de grande ampleur auprès des deux géants de l’aéronautique , Airbus et Boeing. Une opération qui s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance du Maroc en vue de la co-organisation de la Coupe du monde 2030 aux côtés de l’Espagne et du Portugal, et qui reflète les ambitions logistiques, économiques et diplomatiques du Royaume.

Un appel d’air pour Airbus et Boeing

Selon des sources proches du secteur, la compagnie nationale marocaine est en négociation avancée avec Airbus pour l’acquisition d’environ 20 appareils A220, réputés pour leur efficacité énergétique et leur pertinence sur les liaisons régionales. En parallèle, RAM s’apprête à confirmer une commande bien plus conséquente auprès de Boeing, incluant près de 24 long-courriers 787 Dreamliner ainsi que jusqu’à 50 monocouloirs 737 MAX, afin de couvrir l’ensemble des segments – du régional au transcontinental.

Les discussions, qui durent depuis plus d’un an, pourraient aboutir officiellement lors du Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget la semaine prochaine. Si Airbus semble en passe de renouer avec RAM après près de 25 ans d’absence (la dernière commande directe remonte à 2001 pour des A321), Boeing conserve une position dominante, le cœur de la flotte actuelle de la compagnie étant déjà constitué de 737 et de 787.

Un enjeu diplomatique et géostratégique

L’enjeu de cette double commande dépasse largement le cadre industriel. Selon l’agence Bloomberg, l’annonce officielle côté Boeing pourrait être conditionnée à une rencontre diplomatique de haut niveau entre le roi Mohammed VI et le président américain Donald Trump. Côté européen, des sources diplomatiques évoquent une éventuelle officialisation de la commande Airbus durant le salon du Bourget, en écho à la récente détente entre Rabat et Paris, symbolisée par la reconnaissance par la France du plan marocain d’autonomie au Sahara.

Au-delà des enjeux commerciaux, la restructuration de la flotte de RAM s’inscrit dans une vision nationale de montée en gamme de l’écosystème aérien marocain. À l’horizon 2030, le Royaume prévoit de quadrupler la taille de la flotte de sa compagnie nationale, passant à près de 200 avions, tout en doublant la capacité de ses aéroports pour atteindre 78 millions de passagers annuels.

Une ambition continentale

Avec cette initiative, la RAM vise également à asseoir le statut de Casablanca comme hub majeur du transport aérien en Afrique de l’Ouest, avec une connectivité accrue vers l’Europe, le Moyen-Orient et les Amériques. Ce repositionnement stratégique s’accompagne d’une volonté affirmée de développer le fret aérien, encore sous-exploité malgré le potentiel logistique du pays.

Le Maroc, déjà partenaire historique de Boeing dans les chaînes d’approvisionnement aéronautiques, voit dans cette expansion une opportunité de renforcer sa souveraineté économique et son rôle de passerelle entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord. En parallèle, l’ouverture à Airbus vise à rééquilibrer les relations commerciales avec l’Union européenne, sur fond de rapprochement diplomatique en cours.

Un pari sur l’avenir

La Coupe du monde 2030 constitue un puissant catalyseur. Rabat mise sur un objectif ambitieux de 26 millions de touristes annuels d’ici là, un bond qui exige des capacités logistiques hors normes. La modernisation de la flotte nationale, conjuguée aux extensions aéroportuaires et aux alliances bilatérales, s’inscrit ainsi dans une stratégie cohérente de projection internationale.

Mais au-delà des chiffres, cette commande illustre une mutation profonde , celle d’un Maroc qui prend appui sur l’aviation comme levier de puissance douce, d’intégration régionale et de rayonnement mondial. Si elle se concrétise dans les termes évoqués, l’opération pourrait hisser RAM parmi les compagnies aériennes les plus dynamiques du continent africain.

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