Polisario, Hezbollah, Iran : les nouvelles alliances troubles qui inquiètent Washington

Soumia El Alki

Un récent rapport d’enquête publié par le site américain The National Interest, affilié au Center for the National Interest, a mis à nu des révélations explosives sur les liaisons dangereuses entre le front séparatiste du Polisario, le Hezbollah libanais et le régime iranien. Basé sur des sources classées et des témoignages issus du renseignement occidental, ce rapport dresse un constat alarmant , le Polisario ne serait plus une simple force indépendantiste, mais un acteur intégré à des réseaux régionaux extrémistes à visée terroriste.

Une évolution inquiétante du front séparatiste

Le rapport s’appuie sur des interceptions de communications, des données satellitaires et des analyses croisées de services de sécurité américains et européens. Il y est notamment question d’un responsable du Polisario, nommé Mustapha Mohamed El Kettab, ayant exprimé sa solidarité avec le “camp de la résistance” dirigé par l’Iran, allant jusqu’à soutenir la mise en place de frappes coordonnées contre Israël depuis plusieurs fronts régionaux : Gaza, le Golan, le Sud-Liban et… le Sahara.

Mais l’élément le plus préoccupant reste la tentative présumée du Polisario d’obtenir une aide logistique de la part du Hezbollah pour cibler la représentation diplomatique israélienne au Maroc, une opération potentielle qui, si elle était avérée, constituerait un basculement majeur du groupe vers le terrorisme international.

Cette révélation vient appuyer les accusations déjà formulées par le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, qui avait dénoncé le soutien militaire de Téhéran aux milices séparatistes, notamment sous forme de drones offensifs et de technologies de guerre asymétrique.

Tindouf, carrefour du djihadisme sahélien

Le rapport met également en lumière la transformation des camps de Tindouf, en Algérie, en une véritable zone grise, échappant à tout contrôle étatique effectif. Ces camps, censés accueillir des réfugiés sahraouis, serviraient de vivier pour le recrutement de groupes terroristes, comme en témoigne le parcours d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui, ex-membre du Polisario devenu chef de Daech au Sahel, éliminé par la France en 2021.

Des rapports de renseignement allemands sont également mentionnés, signalant la présence active d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et de l’État islamique dans la périphérie de Tindouf. Le rapport évoque en outre la naissance de groupes comme Fath al-Andalous (2008) et Al-Khilafa (2009), deux formations sahraouies ayant fait allégeance à l’État islamique.

À cela s’ajoutent les violations des droits humains dans les camps, notamment le recrutement forcé de mineurs pour des formations militaires, attesté par des ONG siégeant à Genève et ayant fourni des preuves au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Le Maroc en rempart contre l’expansion terroriste

Ahmed El Charraoui, auteur de l’enquête et chercheur à la Foundation for Defense of Democracies, souligne que le Maroc joue un rôle central dans la stabilisation régionale, au-delà de sa propre sécurité nationale. Le royaume constitue aujourd’hui un “rempart stratégique contre l’islamisme armé”, et toute tentative d’amoindrir son rôle reviendrait, selon lui, à compromettre la sécurité des alliés occidentaux, notamment les États-Unis.

Dans ce sens, le rapport appelle à revoir profondément la manière dont certains milieux diplomatiques et médiatiques continuent à présenter le Polisario comme un simple “mouvement de libération”.

Analyse – Bouchâib El Bazi ,“Le vernis révolutionnaire du Polisario a craqué”

Pour le journaliste Bouchâib El Bazzi, ces révélations ne surprennent guère les observateurs familiers de la région .

“Le vernis révolutionnaire du Polisario a craqué depuis longtemps. Ce que les Américains documentent aujourd’hui n’est que la confirmation publique de ce que de nombreux services savaient déjà , le Polisario, marginalisé politiquement et militairement, s’est jeté dans les bras des parrains de la guerre asymétrique. L’Iran y voit un pion utile dans sa stratégie de chaos régional. Quant à l’Algérie, elle ferme les yeux, tant que cela gêne le Maroc.”

El Bazi va plus loin en appelant l’Union européenne à prendre position

“Il est temps que Bruxelles cesse d’entretenir le flou sur ce conflit. Les faits sont là , le Polisario s’enfonce dans la radicalité, et ceux qui le soutiennent activement prennent le risque de transformer le Maghreb en nouvelle ligne de front du terrorisme global.”

Encadré – Ce que révèle le rapport :

  • Communications interceptées entre cadres du Polisario et membres du Hezbollah
  • Tentatives de coordination d’attaques anti-israéliennes depuis le territoire saharien
  • Camps de Tindouf identifiés comme base arrière du recrutement jihadiste
  • Preuves d’enrôlement militaire forcé d’enfants sahraouis
  • Alliances stratégiques entre Polisario, Iran et milices chiites régionales

 

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