Quand Hicham Jerando confond le mensonge avec l’info, et la rumeur avec la gloire

Bouchaib El Bazi

Il y a les escrocs du siècle, les mythomanes professionnels, et puis… il y a Hicham Jerando, un cas d’école en désinformation qui mériterait, à lui seul, une thèse de doctorat en “Fake News Appliquées et Pathologie du Buzz”. Ce monsieur, dont la crédibilité est aussi solide qu’un château de cartes dans un ouragan, vient une fois encore de franchir la ligne rouge — et ce, sans clignotant.

Dernier exploit en date , il a recyclé une vieille photo d’un accident de la circulation survenu à Rabat en mai 2021, et l’a habillée de mensonges grossiers pour en faire une prétendue “urgence nationale”. Selon ses hallucinations numériques, cet accident aurait impliqué rien de moins que le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, lequel serait — toujours selon “ses sources” — entre la vie et la mort à l’hôpital. Rassurez-vous , ni l’accident n’est nouveau, ni le ministre n’est à l’article de la mort. Par contre, la bêtise de Jerando, elle, semble en pleine forme.

On pourrait en rire si ce n’était pas aussi pathétique. Car non content de publier une intox démontable en trois secondes chrono par n’importe quel adolescent maîtrisant Google Images, notre « journaliste bidon » persiste et signe avec l’aplomb des imposteurs chroniques. Et dire qu’il suffit d’un clic pour vérifier que cette photo de tôle froissée circule sur les réseaux sociaux depuis des années ! Mais Jerando, c’est connu, préfère la fiction à la vérification.

Ce n’est pas tout. L’homme, visiblement en manque de buzz, a enchaîné avec une autre fable , selon lui, le très respecté directeur général de la Sûreté nationale et de la surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi, aurait été “déclassé” dans le protocole royal lors de la fête du sacrifice ! Un changement de place dans la file de salut ? Pour Jerando, c’est la preuve ultime d’un complot. Pour le commun des mortels, c’est juste le protocole royal qui suit un ordre strict… depuis des décennies.

Faut-il rappeler à notre faussaire digital que le protocole n’est pas une scène de théâtre sur laquelle on improvise ? Que les positions lors des cérémonies officielles sont réglées au millimètre près selon les fonctions constitutionnelles ? Que Hammouchi ne s’est jamais retrouvé directement après le général Harroum, chef de la gendarmerie, et que cette configuration n’a jamais existé… sauf dans l’imagination d’un mythomane désœuvré ?

Mais Jerando, visiblement perdu entre fantasmes et réalités, ne s’encombre pas de détails. Il confond les uniformes, les titres, les faits, et même les années. Il prend un général de l’armée de l’air pour le patron de la DGSN, confond une rumeur Facebook avec un scoop d’investigation, et imagine que le protocole royal s’ajuste au rythme de ses élucubrations.

Tout cela serait risible, si ce n’était aussi révélateur d’une dérive plus grave , la fabrication industrielle de fake news, au service d’agendas bien précis, souvent hostiles aux institutions marocaines. Jerando n’est plus un simple affabulateur , il est devenu la boîte à échos des manipulateurs, le canal low cost de la propagande la plus toxique. Même son propre entourage n’y croit plus , son neveu, actuellement en détention pour chantage et diffamation, l’a décrit comme “un incompétent informatique manipulé par des gens plus malins que lui”. Voilà qui est dit.

Alors, la prochaine fois que Hicham Jerando “révèle” un scoop, demandez-vous d’abord s’il ne vient pas de recycler un mème de 2019, ou s’il n’a pas tout simplement rêvé sa “source exclusive”. Car dans son monde à lui, les accidents sont inventés, les ministres tombent dans le coma sans preuve, et le protocole royal change selon l’humeur du jour.

Bienvenue dans la république fictive de Jerandostan. Un royaume sans vérité, sans honneur, mais avec beaucoup de captures d’écran trafiquées.

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