Georges-Louis Bouchez, le shérif des masques et des fantasmes

Bouchaib El Bazi

Si un jour Bruxelles devait élire un cow-boy chargé de traquer les « hors-la-loi du masque chirurgical », il ne fait aucun doute que Georges-Louis Bouchez s’imposerait comme le candidat naturel. Le fringant président du MR, toujours prompt à dégainer une polémique là où d’autres verraient un trottoir mouillé, vient de découvrir un nouveau danger pour la République : des femmes… qui portent un masque.

Oui, vous avez bien lu. Pas un masque de carnaval, ni un masque à gaz. Un banal masque chirurgical. Mais attention : pas pour des raisons sanitaires, nous assure Bouchez. Non, ces femmes auraient en réalité trouvé là un stratagème machiavélique pour contourner l’interdiction de la burqa. Dans sa vision du monde, même un FFP2 devient un cheval de Troie islamiste.

Interrogé par Martin Buxant sur Bel RTL, GLB — c’est ainsi qu’il aime être appelé, comme une marque de baskets — a déclaré sans ciller :

« À Bruxelles, certaines femmes portent un voile et, en plus, un masque qui remplace en quelque sorte la burqa. »

Remplacer la burqa ? En quelque sorte ? On croirait entendre un expert en anthropologie de bistrot qui a confondu un hôpital et un complot.

Soyons sérieux deux minutes. Depuis quand un masque chirurgical, recommandé par les autorités pendant des années, est-il devenu un objet subversif ? Va-t-on maintenant dresser une liste des “bonnes raisons” pour porter un masque ?

  • Grippe : accepté
  • Covid : toléré
  • Allergie au pollen : pourquoi pas
  • Pudeur ou choix religieux : scandale d’État

Dans cette logique, bientôt, un rhume sera suspect s’il est porté par une femme voilée.

Il faut dire que pour Bouchez, tout est matière à croisade. Ce n’est plus un politicien, c’est un lanceur d’alertes sous Red Bull. Qu’il s’agisse de défendre la liberté… ou de la restreindre, selon le public. Car bien sûr, derrière la posture de défenseur de la laïcité se cache un message plus corrosif , on ne parle pas ici de burqa, on parle de musulmans, et plus précisément de musulmanes.

Qu’une femme musulmane sorte masquée, voilée, ou même invisible, cela semble désormais être une menace pour la cohésion nationale. Pendant ce temps, les vrais problèmes — pauvreté, logement, racisme structurel — continuent leur petit bonhomme de chemin, sans masque ni projecteur.

Mais Bouchez, lui, a trouvé son combat. Un combat simple, rassurant, qui flatte les bas instincts d’un électorat inquiet , celui contre un chiffon sur le visage. Tant pis si cela piétine les libertés individuelles qu’il prétend défendre ailleurs. Tant pis si cela contribue à stigmatiser davantage une population déjà régulièrement montrée du doigt.

En 2025, on ne chasse plus les sorcières. On chasse les masques.

Le prochain épisode ? Peut-être une loi interdisant les parapluies portés de manière « dissimulante » ou les écharpes suspectes au mois de décembre. Avec Georges-Louis, tout est possible, surtout le pire.

 

 

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