Quand le Conseil de sécurité dérape, Rabat remet les pendules à l’heure

Mahdi Fatima Zahra

Alors que la dynamique diplomatique autour du Sahara marocain ne cesse de s’intensifier, soutenue par un nombre croissant d’États reconnaissant la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, une phrase glissée dans le rapport annuel du Conseil de sécurité a provoqué un tollé légitime du côté de Rabat. Il s’agit d’un détail en apparence technique, mais au fond éminemment politique , le remplacement du terme « les quatre parties » par « les deux parties » dans le passage consacré au Sahara.

Pour le Maroc, ce n’est pas un simple abus de langage, mais une tentative manifeste de réécriture politique de la réalité diplomatique actée par le Conseil de sécurité lui-même depuis 2018, qui reconnaît comme parties prenantes au processus politique le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario. Cette réduction sémantique a été perçue comme une tentative sournoise de réanimer une grille de lecture dépassée du conflit, soigneusement entretenue par certaines chancelleries à l’agenda opaque.

Dans une lettre officielle adressée au président du Conseil de sécurité et à ses membres, l’ambassadeur permanent du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, a dénoncé une formulation « biaisée », susceptible de nuire à la crédibilité même du Conseil devant l’Assemblée générale. Il y rappelle que ce glissement n’est en aucun cas représentatif du consensus des membres du Conseil, mais plutôt l’expression isolée d’un État non permanent.

La protestation n’est pas venue du Maroc seul. La Sierra Leone, représentée par son ambassadeur Michael Imran Kanu, a également exprimé sa « profonde déception » quant à ce qu’elle considère comme une distorsion inacceptable du processus onusien. Ces positions ont reçu le soutien explicite des États-Unis et de la France, tandis que l’Algérie, la Russie et la Chine ont tenté, sans surprise, de maintenir la version litigieuse du texte.

Bouchâïb El Bazi, journaliste , estime que cet épisode n’est que le symptôme d’un mal plus profond dans la production des rapports onusiens.

« Ce qui peut sembler une simple maladresse rédactionnelle est en réalité un indicateur d’infiltration idéologique dans les rouages techniques de l’ONU. Certains cercles essaient d’imposer une lecture biaisée du conflit en habillant leur position nationale d’une prétendue neutralité institutionnelle. C’est une tentative de contournement sournois des décisions souveraines du Conseil. »

Cette alerte a conduit Rabat et Freetown à demander la rectification officielle de cette formulation dans les documents transmis à l’Assemblée générale. Les deux lettres de protestation ont été enregistrées comme documents officiels du Conseil de sécurité, renforçant ainsi leur portée juridique et politique.

D’un autre côté M.El Bazi , souligne que la diplomatie marocaine ne dépend plus exclusivement des mécanismes onusiens pour affirmer ses droits.

« Le Maroc s’appuie aujourd’hui sur une stratégie d’influence globale, consolidée par des alliances solides avec Washington, Londres et Paris. Le projet d’autonomie n’est plus un plan, c’est devenu un paradigme de résolution soutenu par des partenaires majeurs qui voient en Rabat un acteur fiable et stable. »

Le refus marocain ne s’arrête pas là. En octobre dernier, le Royaume a catégoriquement rejeté une proposition avancée par l’envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura, visant à envisager un hypothétique “partage” du territoire entre le Maroc et le Polisario. Une proposition jugée inacceptable, tant elle va à l’encontre du principe de souveraineté et ignore les réalités politiques et sociales du terrain.

Bouchâïb El Bazi conclut, dans une note cinglante mais lucide :

« Le Maroc n’a pas peur des phrases biaisées ni des rapports manipulés. Ce qu’il défend, ce sont des faits, des alliances durables, et une légitimité renforcée sur le terrain. Pendant que certains s’obstinent à répéter des formules d’un autre siècle, le Royaume trace, avec constance, le chemin d’un règlement juste, durable et réaliste. »

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