Verviers : Georges-Louis Bouchez accueilli comme un cheveu sur la tarte au riz
Hanane El Fatihi
Il rêvait d’ovations, il récolta une symphonie de dos tournés. Mardi soir, dans la très douce Verviers, capitale officieuse de la maille et de la bourrasque politique, Georges-Louis Bouchez, président du MR et marathonien autoproclamé des conférences éclairantes, s’est vu réserver un accueil digne d’un rockeur en tournée… sauf qu’il n’était pas la vedette.
Alors qu’il foulait les pavés du Théâtre du Peigné, prêt à distiller sa vision bleu azur d’un avenir libéral radieux, une septantaine de manifestants de la FGTB (rejoints, parce que l’union fait la force, par quelques irréductibles de la CSC) lui ont fait vivre une expérience immersive , un cordon sanitaire version wallonne, avec banderoles maison, slogans cinglants, et une chorale improvisée reprenant en chœur le « Chant des partisans ». Une ambiance digne d’une reconstitution historique… mais sans costume.
Le dos, nouvelle arme de dissuasion massive
Fini les tomates ou les œufs , place au silence tapageur et à l’art du dos tourné. « Moins de mépris, plus de tarte au riz », pouvait-on lire sur l’une des banderoles, preuve que même la colère locale garde un goût de terroir.
La FGTB ne s’est pas contentée de huer. Elle a aussi sorti la grosse artillerie intellectuelle , Umberto Eco, cité pour démontrer que GLB coche quelques cases de son célèbre “fascisme éternel”. Rien que ça. Il faut dire que Bouchez, entre deux tweets et trois polémiques, a réussi à agacer une partie croissante du paysage militant, au point que certains ne voient plus en lui un centriste libéral, mais un loup en blazer cintré.
Un cordon sanitaire à géométrie variable
La vraie surprise de la soirée reste toutefois la revendication du moment , l’application d’un cordon sanitaire à Georges-Louis Bouchez lui-même. Oui, cette mesure habituellement réservée à l’extrême droite est désormais réclamée pour le président du premier parti francophone du pays. Il fallait oser.
L’intéressé, fidèle à lui-même, n’a pas tremblé. Il s’est fendu d’un sourire, d’un commentaire sur la liberté d’expression (qu’il chérit sauf quand elle le vise), et a poursuivi sa conférence comme si de rien n’était. Après tout, qui d’autre que GLB peut prétendre faire salle comble avec ses détracteurs ?
Verviers, capitale du contre-pouvoir poétique
À l’heure où la politique semble de plus en plus clivée, où chaque mot est tweeté, trituré, contredit, Verviers rappelle à sa manière que la contestation peut être élégante, ironique, presque chorégraphique. Dos tournés, slogans sucrés-salés et références littéraires : c’est la Belgique dans toute sa splendeur.
Quant à Bouchez, il peut se rassurer , on ne retourne le dos qu’à ceux qu’on ne peut plus ignorer.