Sahara marocain : quand l’autonomie devient le seul cap crédible de la communauté internationale
Intisar Azmizam
Le tempo diplomatique s’accélère. Les soutiens au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental s’enchaînent, dépassant le simple comptage pour atteindre une dynamique géopolitique profonde. Ce qui était encore, il y a quelques années, une option parmi d’autres est devenu aujourd’hui, pour une majorité écrasante de la communauté internationale, le seul cadre réaliste, sérieux et crédible pour une solution politique durable.
Le 22 mai, l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, affirmait que 116 pays soutiennent la proposition d’autonomie marocaine. Mais à peine le temps de prononcer ces chiffres que la liste s’est allongée — quantitativement et qualitativement.
Damas, Nairobi, Londres… Trois capitales, trois signaux forts
La Syrie, pays en voie de réintégration régionale, a franchi un pas fort en exprimant un soutien explicite à l’unité territoriale du Maroc. Mais c’est surtout le soutien de la Kénya, exprimé à Rabat par le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères eux-mêmes, qui marque un tournant. Cette visite a été suivie, le 26 mai, par l’ouverture de l’ambassade kényane à Rabat. Un acte symbolique fort, qui consacre le Maroc comme acteur africain majeur et isole davantage la diplomatie algérienne.
La Kénya n’est pas un simple chiffre – le 118e pays à soutenir le plan d’autonomie – c’est une puissance régionale, politique et économique, qui change la donne sur le continent.
Le Royaume-Uni entre dans la danse
Le 1er juin, le coup de tonnerre diplomatique est venu de Londres. Dans un communiqué conjoint publié à l’issue de la visite de David Lammy, ministre d’État britannique chargé des Affaires étrangères, le Royaume-Uni a reconnu le plan marocain d’autonomie comme « la base la plus sérieuse, crédible et réaliste » pour résoudre le différend. Ce n’est pas un simple appui diplomatique, mais une reconnaissance stratégique.
À cette déclaration s’ajoute une annonce économique d’envergure , plus de cinq milliards de livres sterling d’investissements prévus, en grande partie dans les provinces du Sud. La diplomatie d’influence marocaine démontre ainsi qu’elle s’appuie sur un levier essentiel , la crédibilité économique du Royaume, adossée à une stabilité régionale rare.
L’Algérie dans l’impasse rhétorique
Face à cette vague, l’Algérie a réagi comme elle le fait désormais systématiquement , par un communiqué exprimant « son regret ». Après les mêmes gesticulations verbales contre les États-Unis, l’Espagne ou encore la France, Alger se contente d’un vocabulaire aseptisé lorsqu’il s’agit de Londres, puissance avec laquelle elle n’a ni levier ni passif diplomatique significatif.
Mais ce « regret » n’est qu’un aveu d’impuissance , Alger sait que le plan d’autonomie est perçu par la majorité des pays comme une solution conforme au droit international, en phase avec les principes de décentralisation avancée et de stabilité régionale.
Pire encore, elle sait que le soutien économique croissant à ce plan — Londres n’est pas seule , Washington, Paris, Madrid sont déjà alignés — transforme le dossier en projet de développement continental qui échappe totalement à ses capacités d’influence.
La Russie et la Chine sur le seuil
Il ne reste désormais plus, parmi les membres permanents du Conseil de sécurité, que la Russie et la Chine à rejoindre formellement ce consensus. Ni Moscou ni Pékin ne s’opposent frontalement au plan marocain, bien au contraire. La Russie, en conflit ouvert avec l’OTAN, voit dans une désescalade au Maghreb une opportunité stratégique. La Chine, quant à elle, entretient avec Rabat un partenariat structurant, et ses ambitions en Afrique pourraient la conduire à soutenir activement le plan d’autonomie marocain.
Et le Polisario ?
Dans ce contexte, le Polisario paraît de plus en plus déphasé. Privé de soutiens puissants, vidé de sa substance diplomatique, il est confronté à une question existentielle , quel avenir pour un mouvement sans projet, ni horizon, ni soutien majeur ?
Le plan marocain d’autonomie, présenté depuis 2007 comme une base de négociation dans le cadre de la souveraineté marocaine, reste aujourd’hui l’unique chemin viable. Il permettrait aux populations concernées de participer activement à la vie démocratique et économique du Royaume, dans un cadre respectueux de leur identité, de leurs spécificités et de leurs aspirations.
Un tournant irréversible
L’histoire avance, les lignes bougent, les illusions s’effondrent. Le soutien britannique, après ceux des puissances transatlantiques et européennes, signe l’internationalisation irréversible du consensus autour de la proposition marocaine. Il pousse plus encore la communauté internationale à regarder le projet séparatiste pour ce qu’il est , une fiction dépassée, entretenue par calculs géopolitiques et nostalgies idéologiques.
Aujourd’hui, les vrais choix sont faits par les vraies puissances. Et elles parlent d’une seule voix , l’avenir du Sahara est marocain, dans le cadre d’une autonomie sérieuse, stable, et ouverte sur la paix.