Bruxelles : la coalition impossible et l’épouvantail Ahidar – Chronique d’une démocratie à la belge

Presque un an après les élections régionales de juin 2024, Bruxelles n’a toujours pas de gouvernement. Une situation qui, ailleurs, ferait tomber des ministres ou battre des casseroles. Mais ici, c’est un art de vivre : on appelle cela le “surréalisme institutionnel”. Et dans ce théâtre politique bien de chez nous, un nouveau personnage semble effrayer toute la scène , la Team Fouad Ahidar, que l’on traite désormais moins comme une force politique que comme une menace radioactive.

Yvan Verougstraete et l’algèbre existentielle

Ce week-end, Yvan Verougstraete, président des Engagés, a sorti sa calculatrice politique – probablement une Casio vintage de l’ère pré-N-VA – pour rappeler une vérité mathématique qui fait grincer les dents dans les salons bleus , si on ne veut ni du PTB ni de la Team Ahidar, il faudra bien que les libéraux fassent un câlin aux écolos et aux socialistes.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux (parce que rien n’est plus sérieux que Twitter quand il s’agit de gouverner une capitale européenne), Verougstraete sonne le tocsin , “Il faut accepter l’inévitable”. Traduction , “Sauter dans le bain, même s’il est rempli de pastèques vertes et de roses fanées.”

Team Fouad Ahidar : le Voldemort du parlement bruxellois

Si certains partis s’opposent à la N-VA par réflexe historique, la Team Fouad Ahidar, elle, fait l’unanimité dans le rejet. Les Engagés, le MR et DéFi l’ont soigneusement biffée de leur agenda, comme on écarte un ex embarrassant d’un dîner de famille.

Mais cette exclusion systématique commence à soulever des sourcils. Car pendant que les partis traditionnels se renvoient la patate chaude, la Team Ahidar, elle, parle aux gens, organise des débats, se montre sur le terrain… bref, fait de la politique. Ce qui, il faut le reconnaître, devient presque subversif en 2025.

Une Belgique qui aime les paradoxes

Le plus ironique ? C’est que dans ce chaos bruxellois, les seules forces qui semblent savoir ce qu’elles veulent sont celles qu’on exclut , le PTB, droit dans ses bottes rouges ; et la Team Ahidar, qu’on craint d’inviter de peur qu’elle dérange le confort feutré des négociations de couloir.

Pendant ce temps, le MR tente de jouer les illusionnistes avec une coalition minoritaire et un programme baptisé pompeusement “Pour que Bruxelles prenne son destin en main”, sauf qu’à force de refuser toutes les mains tendues, c’est surtout la Région qui risque de se casser la figure.

Et si on essayait autre chose ?

Et si, pour une fois, on essayait de parler avec tout le monde, même ceux qui ne portent pas cravate et attaché-case ? Et si, plutôt que de rejeter la Team Ahidar comme un phénomène météorologique gênant, on la traitait comme un acteur politique légitime, capable d’amener une voix nouvelle dans un débat qui tourne en rond depuis des mois ?

Car si la démocratie bruxelloise continue à se construire sur des exclusions de principe, elle finira par exclure tout le monde, sauf l’abstention.

En Belgique, on aime les compromis. Mais à force de refuser l’arithmétique et la réalité sociale, on risque surtout de compromettre Bruxelles elle-même.

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