Quand l’Algérie s’exporte… en version pickpocket

Majdi Fatima Zahra

Parlement britannique, 21 mai 2025 , un député s’échauffe, les statistiques pleuvent, et l’Algérie – comme souvent – se retrouve dans la ligne de mire. Cette fois, c’est Chris Philp, député conservateur et amateur de graphiques anxiogènes, qui met les pieds dans le plat. L’objet du débat , l’immigration. Et parmi les accusés, devinez qui figure dans le top 3 des nationalités les plus… “dynamiques” en matière de délinquance ?

Le vol à la tire comme carte de séjour

Avec un sérieux qui frôle le burlesque, Chris Philp déclare devant la Chambre des communes que les Algériens sont “18 fois plus susceptibles de commettre des vols” que la moyenne nationale. Et ce n’est pas une blague de pub de métro , le monsieur s’appuie sur des chiffres, des vrais – enfin, présentés comme tels – pour soutenir un projet de loi aussi hospitalier qu’un douanier russe en grève.

Derrière lui, un PowerPoint qui aurait sa place dans un procès de la Cour pénale de la mode , Afghans pour les crimes sexuels, Congolais pour les violences, et Algériens pour… vider vos poches. Si la délinquance était un podium olympique, l’Algérie décrocherait ici le bronze – avec une main déjà dans votre sac à main.

De Westminster à Béjaïa : itinéraire d’un iPhone volé

Cette indignation parlementaire ne sort pas de nulle part. En mars 2024, un reportage du Sunday Times révélait que le smartphone volé est devenu l’un des principaux produits d’exportation de la monarchie britannique. Et où finissent ces trésors technologiques subtilisés à l’arraché ? Surprise , à 28 %, ils se reconnectent depuis l’Algérie.

Une enquête qui commence dans les ruelles de Londres et se termine dans les souks de Belfort, banlieue d’Alger, où l’on vend plus d’iPhones qu’Apple elle-même. Le tout avec la bénédiction silencieuse de la douane algérienne, ce corps fantôme aussi efficace qu’un feu rouge dans un désert.

Des gangs algériens organisés, des valises pleines de téléphones, du papier aluminium pour brouiller les ondes, et quelques fonctionnaires corrompus pour lisser le passage. Le cocktail parfait du « Made in DZA ».

Le cas d’école du voleur mondain

Dernier fait divers en date : un Algérien de 41 ans, sans papiers mais avec un goût certain pour les sacs de luxe, a été condamné à deux ans et quatre mois de prison pour avoir volé la valise de madame Button – ex-épouse d’un champion de Formule 1. Valeur de la prise : un quart de million de livres sterling, soit le PIB annuel d’un quartier d’Alger, bijoux inclus.

La presse britannique, jamais avare en détails croustillants, s’interroge désormais , sera-t-il expulsé ? Ou bien l’Algérie fermera-t-elle les yeux, comme elle l’a souvent fait, en laissant ses « talents » errer librement dans l’espace Schengen ?

Un modèle économique fondé sur le vol… et la prostitution

Derrière les faits divers se cache un constat plus alarmant – et bien plus ancien. La société algérienne, gangrenée par le chômage, le clientélisme et l’économie rentière, produit à la chaîne des citoyens pour qui le travail n’est pas une valeur mais une anomalie.

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salmane, ne s’y était pas trompé en citant l’Algérie comme contre-exemple dans la gestion des richesses fossiles. Beaucoup de pétrole, pas de développement. Une usine à gaz… humaine.

Un pays qui importe ses ouvriers pour construire ses routes, pendant que ses jeunes s’expatrient – quand ils ne basculent pas dans l’ombre d’une économie parallèle , vol, contrebande, cyberfraude ou… prostitution.

Selon le livre « Le Mal algérien », coécrit par Jean-Louis Levet et Paul Tolila, plus de 4 millions d’Algériens vivent directement ou indirectement de la prostitution. En 2007 déjà, un institut algérien de sondage avançait le chiffre de 1,2 million de prostituées clandestines. Une industrie du corps à grande échelle, tolérée sinon encouragée, pour combler l’échec d’un État à créer de l’emploi autrement.

Le déni comme politique d’État

Évidemment, le régime algérien niera. Comme toujours. Il accusera le néocolonialisme, le Mossad, ou le mauvais œil. Il dénoncera une campagne de dénigrement, un complot ourdi à Paris ou à Rabat. Mais les chiffres, eux, ne mentent pas. Et les valises volées à Londres ne se retrouvent pas toutes seules dans les marchés de Tizi Ouzou.

Tant que le pouvoir algérien préfèrera financer des spots de propagande plutôt que des programmes d’éducation, les tribunaux européens continueront de juger les produits de son système. Et tant que les jeunes algériens verront dans le vol une voie plus rentable que le diplôme, Westminster n’a pas fini de citer l’Algérie comme modèle… d’échec.

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