Les élus belges d’origine marocaine et la question du Sahara : le grand silence… ou la grande peur ?

Quand le patriotisme devient optionnel et que les cocktails diplomatiques se font à sens unique

C’est une scène presque comique, si elle n’était pas tristement révélatrice , à chaque réception organisée par la diplomatie marocaine , les grands noms de la politique belge sont là. Ministres, parlementaires, diplomates européens — tout ce beau monde répond présent. Manque à l’appel ? Les élus d’origine marocaine. Ceux qui, en théorie, devraient porter la voix de la communauté. Ceux que l’on espérait voir défendre, même timidement, l’une des causes nationales les plus sacrées , le Sahara marocain.

Mais non. Silence radio. Absence assumée. Distance froide. Et surtout, zéro déclaration publique. Pendant que des eurodéputés flamands s’improvisent experts en géopolitique maghrébine pour tenter de défendre le front séparatiste du Polisario, certains élus belgo-marocains préfèrent… disparaître du radar. Non, ce n’est pas une panne de GPS. C’est une stratégie de survie politique.

Un mutisme stratégique ou une allergie au drapeau ?

Alors que le Royaume attend légitimement de sa diaspora dans les hautes sphères qu’elle défende ses intérêts fondamentaux – à commencer par l’intégrité territoriale – on constate que certains élus préfèrent ménager la chèvre, le chou, le fromage et même la fromagère. La question qui fâche , ont-ils peur de perdre leur poste ? Craignent-ils que la presse belge les accuse de « double allégeance » ? Ont-ils un passif tendu avec les responsables marocains ? Ou bien, plus simplement, ont-ils relégué la cause du Sahara au fond d’un tiroir avec les vieux souvenirs d’enfance et les photos du bled ?

Pendant ce temps, les responsables marocains brillent, eux aussi, par leur absence. Non pas dans les salons de Rabat, mais dans les événements diplomatiques organisés à Bruxelles. Résultat , des cocktails protocolaires bien garnis en notables belges… et bien vides côté marocain. Un paradoxe qui ferait rire, s’il ne donnait pas envie de pleurer.

Le Sahara ? Un sujet trop marocain pour être belge ?

Certains élus belgo-marocains ont pourtant bâti leur carrière sur la promotion du vivre-ensemble, de la diversité, et de l’inclusion. Mais quand il s’agit de défendre un dossier aussi crucial que le Sahara, ils deviennent soudainement très « belgo »… et très peu « marocains ». Ce n’est plus une double identité, c’est un bug identitaire.

Peut-être pensent-ils que parler du Sahara, c’est s’aventurer sur un terrain glissant. Peut-être s’imaginent-ils que cela remettrait en cause leur « neutralité républicaine ». Mais en politique, le silence est aussi un message. Et en l’occurrence, c’est celui de la lâcheté diplomatique.

Les convictions : oui, mais sans frais électoraux

On pourrait comprendre qu’un élu évite de s’embarquer dans un conflit international. Mais là, il ne s’agit pas de prendre les armes , simplement de rappeler une évidence reconnue par Washington, Madrid, Berlin et tant d’autres capitales — le Sahara est marocain. Le reste n’est que nostalgie révolutionnaire pour étudiants en mal de causes perdues.

Ceux qui craignent les gros titres dans Le Soir ou De Morgen devraient se rappeler que d’autres, bien plus éloignés du Maroc, n’ont pas hésité à défendre la souveraineté marocaine, par principe. Alors pourquoi ce complexe permanent chez certains élus d’origine marocaine ? Syndrome de l’intégration réussie ? Ou peur panique d’être « trop marocains » pour plaire à l’électorat ?

Le patriotisme à la carte, ça finit toujours par coûter cher

Le Maroc n’a jamais demandé à ses enfants de l’étranger de devenir des agents du makhzen ou des porte-drapeaux zélés. Mais un minimum d’engagement, un minimum de courage, un minimum de dignité, ça ne devrait pas être optionnel. Surtout quand on occupe une fonction publique, et qu’on est le produit d’une double culture, dont l’une porte encore en elle les douleurs du colonialisme, et les combats de la souveraineté.

Alors à tous ces élus frileux, frémissants à l’idée de froisser un journaliste ou de perdre trois voix aux prochaines élections, une suggestion , relisez l’histoire. L’histoire du Sahara, celle du Maroc, et peut-être aussi… la vôtre.

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