Métro, stupéfiants, dodo : à Molenbeek, la chasse aux champignons hallucinogènes est ouverte
Youssef Lafrej
Molenbeek-Saint-Jean, ce mardi 27 mai, théâtre d’une opération antidrogue digne d’un épisode raté de Narcos-Bruxelles. À l’appel de la zone de police Bruxelles-Ouest — flanquée de la STIB, de la police des chemins de fer et de deux chiens renifleurs importés expressément du Luxembourg (parce qu’en Belgique, on a des déficits mais pas de truffiers) — les transports en commun ont temporairement été promus au rang de champs de bataille contre l’économie psychotrope.
Le but affiché ? Nettoyer les wagons, les quais et, accessoirement, les neurones. Résultat , 25 procès-verbaux pour usage de drogues, dont la gravité varie entre la clope étrange roulée trop vite et le sac à dos qui sent les festivals. Un dealer a également été interpellé, en possession d’un cocktail toxique qui ferait pâlir un pharmacien vaudou , GHB, amphétamines, ecstasy et champignons hallucinogènes. Soit le kit complet pour un aller simple vers Saturne.
Une police sous acide (législatif)
Le communiqué de la police parle d’un “renforcement de la sécurité”. En réalité, on assiste à un festival de communication sécuritaire , coups de filets spectaculaires, chiens exotiques, et saisies médiatisées. Pendant ce temps, les réseaux organisés se portent bien, merci pour eux, et les fusillades à Bruxelles ressemblent de plus en plus à des réunions de copropriétaires mal gérées.
Mais rassurez-vous, citoyens. Tandis que les gangs recyclent leur cocaïne dans des snacks halal, les métros sont désormais presque sûrs… entre deux contrôles STIB.
Quand la guerre à la drogue devient un spectacle
Il faut bien le dire , ces opérations “coup de poing” sont devenues une chorégraphie bien rodée. On déploie des forces spéciales pour coincer Kevin et sa pipe à herbes, on appelle RTL Info pour filmer, et on publie un communiqué avec des mots comme “synergie interservices” et “sécurisation des espaces de transit”. On ne sait pas si les usagers sont rassurés, mais au moins les autorités ont leur quart d’heure de gloire.
Le vrai trip, c’est la politique
Ce qu’on évite soigneusement de dire ? Que les vrais enjeux dépassent largement les quais de métro. Que le trafic de drogue, loin d’être contenu dans une capsule de GHB trouvée sur un siège de la ligne 2, infiltre l’économie locale, les structures sociales, parfois même les mairies.
Mais chut. Pour l’instant, on se contente d’envoyer des chiens luxembourgeois renifler les vapeurs du malaise bruxellois.