Ahmed Laaouej : le révolutionnaire qui veut réparer Bruxelles (pendant que d’autres font des powerpoints)
Hanane El Fatihi
À Bruxelles, pendant que certains partis multiplient les réunions PowerPoint de 80 pages pour expliquer qu’il faudrait “économiser 200 millions ici, couper 400 millions là, et si possible éviter de trop penser”, Ahmed Laaouej, lui, a préféré faire plus simple : sept pages, trois crises, et une idée audacieuse — celle de sauver Bruxelles autrement qu’en réduisant tout à néant.
Il fallait oser. Et il l’a fait.
Sept pages qui cognent plus fort que 80
Dans un pays où l’on juge souvent un programme à son poids, le président du PS bruxellois a eu le culot de proposer un document court, clair, et — comble de l’audace — lisible. Il y parle de solidarité, de justice fiscale, de logements abordables et même de biodiversité. Oui, vous avez bien lu , biodiversité. Pas sécurité à toutes les sauces, pas caméras intelligentes, pas “préférendums” à répétition — non , il propose un projet de société, pas un manuel de surveillance généralisée.
Pendant que le MR compte les sous, Laaouej compte les citoyens
Là où les libéraux rêvent d’un retour à l’équilibre budgétaire en sept ans, même si cela implique d’équilibrer surtout les pauvres vers le bas, Laaouej propose dix ans — mais avec l’idée saugrenue que tout le monde, même les riches, participe à l’effort. Oui, il ose parler d’impôts sur le capital, d’une contribution des grandes fortunes, voire… d’une taxe Airbnb. C’est fou comme certains mots simples deviennent révolutionnaires quand on les prononce au cœur de la capitale de l’Europe.
Du logement, du vrai, pas du décor IKEA
Ahmed Laaouej ne veut pas simplement encadrer les loyers, il veut leur faire comprendre qu’ils ne sont pas des ballons de spéculation. Il parle de prêts à taux zéro pour les plus modestes, de logements sociaux écologiques, d’un fonds de garantie locative. On est loin du mythe libéral du marché qui régule tout, sauf les profits des multinationales de l’immobilier.
Laaouej, ou la politique qui pense au-delà du trottoir
Pendant que d’autres ne jurent que par “la sécurité et la propreté” (traduisez , “caméras et karcher”), Ahmed Laaouej, lui, parle de culture, de prestations familiales, de droit au revenu minimum. Des concepts presque poétiques dans un monde politique devenu un hall de comptabilité sans fenêtres.
Et cerise sur le couscous , il propose de réformer les institutions bruxelloises, de supprimer la Cocof et la VGC pour n’avoir qu’un seul gouvernement, cinq ministres, pas de secrétaires d’État, et moins de réunions que de jours fériés. Un rêve presque suédois, en version belgo-marocaine.
Et si le sérieux avait enfin de l’humour ?
On peut rire de tout, sauf des idées ambitieuses quand elles viennent sans costume-cravate ni tableau Excel. Ahmed Laaouej ne promet pas la lune, mais il promet de réparer la ville avec autre chose que des rustines budgétaires. Et en ces temps de slogans vides, un peu de substance, même en sept pages, ça fait l’effet d’un discours de De Gaulle dans une réunion Zoom.
Alors oui, Bruxelles mérite mieux. Et si c’était justement un homme comme Laaouej — clair, engagé, et terriblement sérieux sans se prendre au sérieux — qui montrait la voie ? C’est une hypothèse à méditer… surtout avant le 21 juillet.