En Algérie, où que vous tourniez la tête, une file d’attente vous attend , pour du pain, pour du lait, pour de l’eau, ou pour un semblant de dignité. Le pays des martyrs est aujourd’hui devenu le pays des queues — pas celles des festivals ni des musées, non, mais celles de la survie quotidienne. Une véritable guerre des files d’attente fait rage dans les quartiers populaires, pendant que l’État, tel un mécène humanitaire zélé, distribue des millions de dollars à des causes exotiques, nobles certes, mais pour le moins… éloignées.
Le président Abdelmadjid Tebboune, figure institutionnelle d’un système militaire que certains appellent gentiment “le régime des généraux”, a déclaré fièrement devant les caméras et les agences de presse que l’Algérie joue un rôle de premier plan dans la lutte contre la pauvreté mondiale. Pendant ce temps, dans les rues d’Alger, d’Oran ou de Constantine, les citoyens luttent pour remplir une bouteille d’eau ou acheter un kilo de semoule.
Père Noël international, père absent national
Si la solidarité est un devoir moral, le bon sens voudrait qu’elle commence par chez soi. Or, en Algérie, le président agit comme un père généreux qui habille, nourrit et protège les enfants de ses voisins… tout en laissant les siens mendier dans la rue. L’image peut faire sourire, mais elle fait surtout pleurer. À force d’exporter sa compassion, le régime a fini par importer la colère.
Des centaines de millions sont envoyés, sous forme d’aides financières et humanitaires, à ce que le pouvoir appelle « les peuples opprimés », notamment le peuple sahraoui ou encore certains pays d’Afrique subsaharienne. Pourtant, dans les quartiers algériens, l’eau potable est un luxe, l’électricité une loterie, et les soins médicaux une odyssée. On parle de souveraineté alimentaire pendant que les enfants mangent du pain sec à midi et que les mères se battent pour une boîte de lait.
Pendant que les Sahraouis roulent en Audi…
Il est devenu courant de croiser certains bénéficiaires de la générosité algérienne dans les rues de Barcelone ou Paris, bien vêtus, bien nourris, roulant dans des voitures haut de gamme pendant que le peuple algérien patauge dans la misère, le chômage et l’humiliation. On ne compte plus les témoignages d’Algériens sacrifiant leur dignité pour un simple sandwich ou un plat chaud.
Dans un contexte où le désespoir pousse les jeunes vers l’exil, la drogue ou pire, la prostitution, le contraste est cruel. Une société qui, pour certains, peut se vendre pour un simple « tacos », pendant que le discours officiel continue de glorifier les succès humanitaires du pays. Ce n’est plus de la satire, c’est du théâtre de l’absurde.
Une politique étrangère au goût amer
Le slogan “l’Algérie est une puissance régionale” pourrait faire rire… s’il ne faisait pas pleurer. Car si puissance il y a, elle est invisible pour la majorité des Algériens, qui voient chaque jour leur quotidien se dégrader au rythme des promesses non tenues et des priorités inversées.
Le gouvernement préfère investir dans la diplomatie du paraître plutôt que dans le béton de l’urgence sociale. Et pendant que le régime regarde vers les peuples en détresse du monde, les Algériens, eux, continuent de crier — mais dans le vide.
Un sarcasme algérien, mais universel
L’Algérie mérite mieux que ce théâtre d’ombres où la charité bien ordonnée commence toujours… par les autres. Il ne s’agit pas ici de critiquer la solidarité internationale, mais de rappeler qu’un État qui n’écoute pas ses propres citoyens, qui ne les nourrit pas, ne les soigne pas, ne les protège pas… n’est pas un État généreux. C’est un État absent.
Et dans l’Algérie d’aujourd’hui, l’absence est devenue une politique.