Crise institutionnelle à Bruxelles : vers une sortie progressive ou une surenchère politique ?

Intisar Azmizam

Bruxelles – Alors que la Région-capitale traverse une impasse politique prolongée, les initiatives pour en sortir se multiplient, portées par des visions et des méthodes contrastées. Ce mardi soir, une première réunion de concertation a rassemblé les représentants de six formations progressistes — PS, PTB, Ecolo, Groen, Team Fouad Ahidar et Vooruit — au sein du Parlement bruxellois. Une rencontre que le président du PS bruxellois, Ahmed Laaouej, a qualifiée de « constructive », dans un « climat très serein ».

Mandaté par sa fédération dès lundi, Ahmed Laaouej a exposé aux partenaires potentiels une note d’orientation budgétaire ainsi qu’un document-cadre défendant une trajectoire jugée « ambitieuse, progressiste et inclusive ». L’initiative s’inscrit dans le prolongement de l’appel lancé par plusieurs acteurs de la société civile, à la veille du 1er mai, en faveur d’une majorité politique ancrée à gauche.

À l’issue de cet échange de vues, les différentes délégations ont exprimé le besoin de consulter leurs instances respectives avant d’envisager une poursuite des discussions. Aucune échéance n’a été fixée pour une réponse formelle, signe d’une volonté de laisser maturer les choix au sein de chaque formation.

Le MR en embuscade

Dans un tout autre registre, le Mouvement Réformateur entend, lui aussi, peser sur le cours des événements. Les présidents Georges-Louis Bouchez (MR fédéral) et David Leisterh (MR Bruxelles) présenteront ce mercredi un texte destiné à « offrir une sortie de crise par le haut » à la Région bruxelloise, selon un communiqué de presse publié mardi soir.

Il s’agit d’un projet de déclaration de politique régionale, qui sera dévoilé en conférence de presse avant d’être déposé au Parlement bruxellois. Pour le MR, il est temps de mettre fin à près d’un an de blocage institutionnel et de proposer un cap clair, en rupture avec l’inertie actuelle.

Deux démarches, deux philosophies

Si les deux initiatives affichent le même objectif — sortir Bruxelles de l’impasse — elles se distinguent par leur logique , d’un côté, la recherche patiente d’un consensus à gauche autour d’un socle idéologique commun ; de l’autre, l’affirmation volontariste d’une alternative libérale centrée sur la responsabilité et la relance des institutions.

Interrogé sur une éventuelle interférence entre les démarches, Ahmed Laaouej a affirmé que son initiative n’entrait pas en contradiction avec celle du MR, suggérant que plusieurs voies pouvaient coexister dans un contexte politique aussi fragmenté.

Une sortie encore incertaine

Au-delà des intentions affichées, l’avenir de la Région bruxelloise reste suspendu à la capacité des forces politiques à surmonter leurs clivages et à se projeter dans une gouvernance stable et efficace. Entre les consultations à gauche et les propositions à droite, le défi reste de taille , bâtir une majorité cohérente, capable de répondre aux attentes des citoyens et aux défis budgétaires d’une région en quête de relance.

Le prochain épisode s’écrira peut-être dès mercredi, avec la présentation du texte du MR. Reste à savoir s’il s’agira d’un pas vers la sortie de crise… ou d’un épisode de plus dans un feuilleton politique aux rebondissements toujours imprévisibles.

 

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