À Damas, le bureau du Polisario ferme boutique… La « moukawama » révise ses loyautés
Bouchaib El Bazi
Il fut un temps où l’on pensait que Damas resterait éternellement la terre promise des causes perdues, des affiches fanées de révolution, et des bureaux du Polisario qui tenaient plus de la salle d’attente que de l’ambassade. Ce temps-là est révolu.
Une délégation technique marocaine s’est rendue récemment à Damas, non pas pour admirer les mosaïques ni goûter le kebbé, mais pour acter un événement hautement symbolique : la fermeture officielle du bureau du Polisario en Syrie. Rideau tiré. Fenêtres closes. Le fantasme d’une « RASD diplomatique » en terre de cham s’est évaporé comme un mirage baassiste.
Côté syrien, on parle aujourd’hui de « respect de la souveraineté du Maroc » et de « refus de toute forme de soutien aux entités séparatistes ». Bref, Bachar ferme la porte à Brahim Ghali, et c’est déjà une avancée géopolitique plus concrète que dix ans de sommets de la Ligue arabe.
Le Royaume, pour sa part, inscrit cette évolution dans une dynamique plus large. La réouverture de l’ambassade marocaine à Damas, décidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, n’est pas un simple geste diplomatique : c’est un signal fort, un tournant dans la cartographie régionale des alliances. Une main tendue à un partenaire historique, à condition que la carte du Maroc ne souffre d’aucune amputation fantaisiste.
Pour le Polisario, c’est une nouvelle claque diplomatique, reçue en silence. Après avoir perdu l’étreinte de nombreux pays d’Amérique latine, voilà que la Syrie range elle aussi le drapeau du mirage sahraoui au fond d’un tiroir poussiéreux. Il ne reste plus grand monde pour agiter la marionnette de Tindouf – à part peut-être quelques ONG sous perfusion idéologique et les derniers irréductibles à Alger.
Car derrière la fermeture d’un bureau, c’est une porte qui se referme sur un vieux logiciel diplomatique. Celui où l’on croyait encore que soutenir le séparatisme marocain permettait de gagner des points dans le grand concours de la révolution permanente. Sauf qu’en 2025, même la Syrie semble avoir compris que le Sahara est marocain, point final. Et que ceux qui s’accrochent encore à l’idée inverse finiront dans le même placard que les vieilles cassettes de Radio La Voix des Oppressés.
Damas ferme donc la boutique. Le Maroc rouvre l’ambassade. Et la géopolitique, elle, reprend ses droits, loin des nostalgies poussiéreuses et des drapeaux en carton.