Énergie : le Maroc décroche 300 millions d’euros pour accélérer sa transition verte
Bouchaib El Bazi
Le Maroc vient de franchir une nouvelle étape majeure dans sa stratégie de transition énergétique. L’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE) a obtenu deux prêts d’un montant total de 300 millions d’euros (environ 340 millions de dollars) de la part de la Banque européenne d’investissement (BEI) et de la Banque allemande de développement (KfW). Objectif : renforcer l’intégration des énergies renouvelables au réseau électrique national.
Dans un communiqué publié vendredi, l’ONEE a précisé que cette enveloppe comprend 170 millions d’euros de la BEI et 130 millions d’euros de la KfW. Les fonds permettront notamment d’étendre le réseau national de transport d’électricité sur 730 kilomètres, facilitant ainsi l’absorption des nouvelles capacités de production verte.
Une ambition à la hauteur d’un Mondial
Ce financement s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de développement électrique que le Maroc prévoit de mettre en œuvre d’ici 2030, année au cours de laquelle le royaume coorganisera la Coupe du Monde de football avec l’Espagne et le Portugal. Un projet de 19 milliards de dollars qui vise à transformer durablement le paysage énergétique du pays.
Le Maroc s’est fixé pour objectif de porter la part des énergies renouvelables à 56 % de la capacité totale installée d’ici 2027, soit trois ans avant la cible fixée pour 2030. Actuellement, cette part s’élève à environ 45 %, correspondant à une capacité installée de 5,5 gigawatts.
Le royaume prévoit d’ajouter 15 GW de capacité supplémentaire d’ici la fin de la décennie, dont 12 GW issus exclusivement de sources renouvelables.
Partenariat stratégique avec « TAQA Morocco »
Parallèlement, l’ONEE a signé récemment une série d’accords avec TAQA Morocco, filiale locale du groupe émirati Abu Dhabi National Energy Company. Ces accords, d’un montant estimé à 14 milliards de dollars, comprennent notamment la construction d’une ligne de transport électrique à haute tension longue de 1 400 kilomètres et d’une capacité de 3 000 mégawatts. Cette infrastructure reliera les zones de production d’énergie renouvelable situées dans les provinces du sud au centre du pays.
Selon TAQA Morocco, ces projets s’inscrivent dans le cadre de mémorandums d’entente signés pour développer de nouvelles infrastructures de transport en courant continu ainsi que des projets de production électrique verte totalisant 1 200 MW.
Ces initiatives s’inscrivent dans la continuité des engagements pris lors de la visite du roi Mohammed VI aux Émirats arabes unis en 2023, marquant un renforcement stratégique du partenariat énergétique entre Rabat et Abu Dhabi.
Un tournant pour la souveraineté énergétique
Longtemps dépendant des importations — jusqu’à 97 % de ses besoins énergétiques — le Maroc a opéré depuis 2009 un virage stratégique avec le lancement de sa politique nationale en matière d’énergie. Celle-ci repose sur trois piliers : développement des énergies renouvelables, efficacité énergétique, et intégration territoriale.
Malgré ces efforts, le charbon représente encore plus de 70 % de la production d’électricité. Afin de diversifier son mix énergétique, le pays mise désormais sur le gaz naturel et les énergies vertes. Une étape clé de cette transition : l’appel d’offres lancé en avril dernier pour la construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié dans le port de Nador.
Le Maroc, futur leader de l’hydrogène vert ?
Bénéficiant d’un ensoleillement optimal, de vents constants et d’un vaste littoral atlantique, le Maroc dispose d’atouts naturels considérables pour devenir un acteur majeur dans le domaine des énergies renouvelables. Il ambitionne également de s’imposer comme hub régional de production d’hydrogène vert, destiné à l’exportation vers l’Europe ainsi qu’à un usage domestique, notamment dans la fabrication d’engrais.
Avec des projets structurants et une vision claire, le Maroc affirme jour après jour son statut de pionnier énergétique en Afrique et dans le monde arabe, en misant sur une souveraineté énergétique fondée sur l’innovation, la durabilité et la coopération internationale.