Musulmans de Belgique : et si la Belgique avait trouvé ses meilleurs alliés ?

Bouchaib El Bazi

Entre citoyenneté active, résilience sociale et spiritualité moderne, une communauté loin des fantasmes.

Dans un pays où l’on aime tant débattre de ce que doivent être les musulmans, il serait peut-être temps de regarder ce qu’ils font. Et force est de constater qu’ils font beaucoup. Sans bruit, sans banderoles, et surtout sans s’excuser d’exister.

Car pendant que certains agitent le spectre de la menace fantasmée – toujours la même : celle d’un islam rampant, stratégique, occulte, en costume trois-pièces ou en djellaba selon l’heure du jour – des millions de citoyens de confession musulmane vivent, travaillent, votent, enseignent, soignent, entreprennent, et prient… en paix.

Et parfois, même, ils contribuent à cette fameuse Belgique que l’on prétend devoir les « intégrer », comme s’ils venaient d’une planète lointaine et non d’un quartier de Bruxelles, d’Anvers ou Mons.

Des boulangers aux ingénieurs : la Belgique musulmane, ce moteur invisible

Loin des clichés, l’islam de Belgique, c’est aussi celui du médecin qui soigne sans compter, de l’étudiante voilée qui prépare l’agrégation de mathématiques, du chef d’entreprise qui crée dix emplois dans le BTP, du bénévole qui distribue des repas pendant le Ramadan… et du flic de quartier qui veille pendant que d’autres dorment.

Ce sont ces visages quotidiens que l’on ne montre jamais dans les rapports sécuritaires, ces profils que l’on n’interroge pas quand il s’agit de parler « islam », et dont on ne fait pas la une quand ils sauvent, éduquent ou réparent.

Et pourtant, ils sont là. Silencieux, constants, loyaux. Comme si la discrétion était devenue leur meilleure stratégie de défense dans un pays où l’identité musulmane est toujours soupçonnée avant d’être saluée.

Des mosquées ouvertes, des cœurs ouverts

Oui, il existe en Belgique des centaines de mosquées. Et c’est heureux. Car il vaut mieux une foi exprimée dans la clarté que confinée dans les caves, livrée aux interprétations tordues et aux gourous de l’ombre.

Les lieux de culte musulman, bien encadrés, bien gérés, sont aujourd’hui des espaces de paix, de dialogue et de service. On y prêche le respect de la loi, le bon voisinage, et la fraternité. On y organise des collectes de sang, des repas interreligieux, des journées portes ouvertes. Et parfois – horreur ! – on y enseigne même la laïcité à des jeunes qui ne l’avaient jamais entendue ailleurs.

L’éducation, l’arme secrète des familles musulmanes

On s’inquiète parfois de la montée des écoles confessionnelles musulmanes. Et si, au lieu de s’alarmer, on écoutait ? Car dans ces établissements, ce que veulent avant tout les familles, ce n’est pas l’endoctrinement. C’est la réussite. La rigueur. Le respect. Et un cadre éthique qui protège plutôt qu’il n’enferme.

Et il se pourrait bien que ces écoles-là, en accord avec les programmes de l’Éducation nationale, fassent émerger une élite nouvelle : cultivée, fidèle à ses valeurs et à la Belgique . Une génération qui n’a pas besoin de choisir entre le Coran et Voltaire.

Et si la Belgique remerciait ?

Dans une période où le pays cherche désespérément du lien social, de la solidarité, et des repères, les musulmans de Belgique ont souvent été au rendez-vous. Pendant le Covid, pendant les crises économiques, dans les zones délaissées, ils ont été acteurs, pas passifs. Proactifs, pas plaintifs.

Alors plutôt que de les regarder à travers les lunettes déformantes des rapports anxiogènes, pourquoi ne pas leur dire ce que la Belgique ne dit jamais assez : merci.

Merci de croire encore en ce pays, parfois plus que lui-même. Merci d’élever vos enfants avec des rêves Belges. Merci de défendre vos valeurs sans nier celles des autres.

Belges, musulmans. Et fiers de l’être.

Le véritable enjeu, ce n’est pas d’intégrer les musulmans à la Belgique . C’est d’intégrer la Belgique à cette réalité plurielle qu’elle est déjà devenue. Sans peur. Sans faux débats. Et avec cette lucidité joyeuse qui consiste à reconnaître que la diversité n’est pas une menace… mais une chance qu’on aurait tort de gâcher.

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