Il y a des escrocs à la petite semaine, et puis il y a Mustapha Aziz — ou devrions-nous dire Mustapha Bziouid, l’homme aux mille vies, mille combines, et mille passeports. Dernier exploit en date : l’accusation publique portée contre le très sérieux directeur général de la DGED, M. Mohamed Yassine Mansouri, qu’il accuse de l’avoir missionné pour des affaires « sensibles » en Afrique et en Europe, le tout avec valises d’argent, passeport diplomatique et séjours 5 étoiles aux frais du contribuable. On ne sait ce qui est plus risible : l’accusation elle-même, ou le fait qu’elle vienne d’un fugitif condamné pour escroquerie au Maroc.
Oui, l’homme qui prétend avoir agi dans l’ombre pour défendre la nation, a surtout passé sa vie à fuir les jugements qui s’accumulent contre lui comme les notes d’hôtel non payées. Mustapha Aziz, de son vrai nom Mustapha Bziouid, a commencé sa carrière non pas dans l’espionnage, mais dans l’imposture. De Rabat à Abidjan, en passant par Paris et Alger, il a semé des promesses, récolté des chèques, et abandonné des cadavres judiciaires dans toutes les juridictions francophones disponibles.
Condamné à six ans de prison ferme par la justice marocaine pour faux et usage de faux dans l’affaire de l’héritage du milliardaire Lahcen Jakhoukh, il aurait aussi embarqué deux notaires dans sa chute, ainsi que son fidèle compagnon d’arnaque, Hicham Jirando, condamné quant à lui à quinze ans de prison, également par contumace.
Mais Mustapha Aziz ne se contente pas de fuir : il se réinvente. Tantôt conseiller du roi d’Arabie Saoudite, tantôt ambassadeur fantôme à l’UNESCO sous le régime de Laurent Gbagbo, il est passé maître dans l’art de l’usurpation identitaire. En Algérie, il se fait arrêter pour escroquerie avant de disparaître en Suisse, équipé d’un passeport algérien fraîchement obtenu grâce à un « deal » douteux avec les services de renseignement locaux.
Et comme tout imposteur mégalomane qui se respecte, il finit par créer un mouvement politique : « Maroc de demain » — un club de vanités peuplé d’anciens influenceurs et de mythomanes notoires, à l’image de son fidèle Jirando, lequel n’a de révolutionnaire que le débit de ses vidéos YouTube.
Mais ce qui aurait pu rester un énième cas d’escroquerie internationale tourne aujourd’hui à la tentative d’instrumentalisation des institutions marocaines. Accuser le chef du renseignement extérieur de l’avoir envoyé en mission, c’est essayer de troquer des casseroles judiciaires contre un vernis de « patriote incompris ».
Or, au royaume du bon sens, le patriotisme ne se mesure pas au nombre de chambres d’hôtel occupées à Marrakech ni au luxe des montres portées à Bruxelles. Et encore moins à la vitesse avec laquelle on fuit le pays dès qu’un juge prononce une condamnation.
Aujourd’hui, Mustapha Aziz se terre quelque part en France, se rêvant en Julian Assange du monde arabe, alors qu’il n’est, en vérité, qu’un Tartuffe de la diplomatie, un illusionniste du patriotisme, et une énigme judiciaire dont le CV ressemble à un roman de gare mal ficelé.
Quant à ses accusations, elles ne convainquent que ceux qui veulent bien croire que James Bond peut s’appeler Mustapha, porter une djellaba, et vivre dans la suite présidentielle du Sofitel… aux frais de la DGED.