Bruxelles : Quand la rigueur budgétaire devient un art de la procrastination organisée

C’est un grand moment de théâtre politique auquel nous assistons à Bruxelles. Face à une impasse budgétaire aussi large qu’un trou noir fiscal, le gouvernement bruxellois – en affaires courantes, et surtout en affaires floues – a sorti de son chapeau une solution miracle , un comité de prudence budgétaire. Rien que l’intitulé évoque une bande de sages aux tempes grises, penchés sur des tableurs Excel comme des moines sur des parchemins sacrés.

Car oui, mesdames et messieurs, face à un déficit prévu de 1,2 milliard d’euros en 2025, mieux vaut être prudent. Tellement prudent qu’on a décidé… de créer un comité. Pendant ce temps, la dette de la Région, elle, galope joyeusement vers les 22,2 milliards d’euros d’ici 2029. Une performance digne d’un marathonien sous amphétamines.

Déjà en mars, l’agence Standard & Poor’s – ces rabat-joie qui osent encore regarder les chiffres au lieu des slogans – avait abaissé la note de Bruxelles de AA- à A+. Autrement dit, Bruxelles est passée du statut d’élève modèle à celui d’étudiant distrait qu’on surveille d’un œil méfiant lors des examens.

Mais qu’on se rassure : le duo de choc Rudi Vervoort (PS) et Sven Gatz (Open Vld) est sur le coup. Le premier, spécialiste des consensus lents, et le second, ancien ministre de la Culture reconverti en financier de l’urgence, planchent sur un plan. Lequel ? Mystère. Mais ils planchent, et c’est déjà rassurant. Enfin, presque.

Ecolo et DéFI, dans un sursaut de lucidité, s’inquiètent de l’absence de mesures concrètes. On les comprend : difficile d’évaluer un régime minceur quand le patient refuse de monter sur la balance.

En attendant, la Région vit au rythme des « douzièmes provisoires », un système qui consiste à diviser le flou par douze, et à espérer que ça tienne jusqu’à la fin du mois. Prochaine échéance , la rencontre avec Standard & Poor’s fin mai. Une conversation qui s’annonce aussi agréable qu’un contrôle fiscal un lendemain de réveillon.

Mais ne soyons pas pessimistes. Avec un peu de chance, le comité de prudence accouchera d’un plan, le gouvernement d’un budget, et Bruxelles… d’un miracle.