L’Algérie en eaux troubles : diplomatie à la dérive, Sahara en fuite, et drones mal garés
Majdi Fatima Zahra
Cette semaine, l’Algérie semble avoir coché toutes les cases d’un manuel diplomatique sur « comment s’isoler en trois leçons ». Entre l’écrasement d’un drone malien, les remontrances coordonnées de Paris, Madrid et Washington au sujet du Sahara, et une accolade intrigante avec l’Iran, Alger avance d’un pas ferme… vers le mur.
Le drone malien : une alerte… ou un lapsus armé ?
Tout a commencé fin mars par un incident aérien que même les scénaristes de Netflix auraient jugé trop absurde , l’armée algérienne a abattu un drone malien qui, selon ses dires, aurait dépassé la frontière de deux kilomètres. Deux. Pas deux cents.
Pas vingt. Deux. Bam ! Un tir, une escalade, et voilà les trois pays du triumvirat sahélien — Mali, Burkina Faso, Niger — qui rappellent leurs ambassadeurs, accusent Alger de soutenir les séparatistes, et réclament des explications que personne n’a vraiment envie d’écouter.
L’Algérie, elle, réplique à coups de communiqués laconiques et de sourires gênés. Résultat ? Une belle pagaille au sud, un projet de pipeline nigérian désormais plus théorique que jamais, et une perte sèche de milliards en études et promesses de gaz jamais livrées.
Le Sahara : l’onde de choc d’un consensus mondial
Deuxième gifle , la diplomatie internationale qui, dans un timing aussi serré qu’un ballet bien chorégraphié, a réaffirmé — chacun à sa manière — que le plan d’autonomie marocain est « la seule voie sérieuse et réaliste » pour clore l’interminable feuilleton saharien.
Que ce soit le secrétaire d’État américain, le ministre des Affaires étrangères espagnol ou même le très prudent Quai d’Orsay, tous ont parlé d’une même voix , le temps n’est plus aux slogans fanés des années 70, mais à une solution pratique. Et soudain, Alger se rend compte que la chaise sur laquelle elle était assise depuis cinquante ans n’existe plus.
Téhéran-Alger : amitiés encombrantes et stratégie en détresse
Cerise radioactive sur le couscous , la visite du ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi à Alger, chaleureusement reçu par la nomenklatura locale, et enveloppé d’un silence radio qui en dit long sur le malaise. Pas un mot clair sur les objectifs de cette visite, pas une conférence de presse digne de ce nom, juste quelques photos et une ambiance de « résistance à l’impérialisme » qui fleure bon les années Khomeiny.
L’Iran cherche désespérément des partenaires africains, et l’Algérie… cherche désespérément à montrer qu’elle a encore des amis. En misant sur Téhéran, Alger croit peut-être gagner un levier de pression contre Washington, mais elle risque surtout de récolter une place au banc des accusés d’un axe « d’instabilité croissante ».
Le coup de grâce arrive-t-il avec l’ONU ?
Dans quelques jours, le Conseil de sécurité se réunira à nouveau pour trancher sur le sort de la MINURSO. Les signaux sont clairs , patience internationale épuisée, consensus autour du plan marocain, et une lassitude visible face aux blocages répétés orchestrés depuis Alger.
Rabat, de son côté, engrange les victoires, cultive des alliances stratégiques (même avec Moscou !) et se projette sereinement dans une diplomatie du 21e siècle. L’Algérie, elle, ressuscite de vieilles alliances idéologiques, tente d’acheter du soutien à coup de barils de gaz, et se heurte à une réalité de plus en plus brutale : le monde a tourné, mais elle est restée sur pause.
Fin de partie pour le vieux logiciel
Ce que nous vivons, c’est probablement le crépuscule d’une doctrine diplomatique algérienne figée dans le passé. Le front saharien se dérobe, les voisins se méfient, les partenaires traditionnels s’éloignent. L’Algérie, jadis aspirante leader du Tiers-Monde, donne désormais l’image d’un État déboussolé, qui confond agitation avec stratégie, et isolation avec souveraineté.
Il ne reste plus qu’à espérer que les décideurs algériens réaliseront qu’on ne construit pas l’avenir avec des reliques, et qu’aucun drone, même malien, ne peut inverser le cours de l’Histoire.