Dans la série des maladresses géopolitiques, le régime algérien vient de signer un chef-d’œuvre. En expulsant une quinzaine de fonctionnaires français — officiellement pour des « irrégularités administratives » — Alger semble avoir oublié une petite clause diplomatique qui, depuis 2013, permettait à ses élites de fouler le sol français sans passer par la case consulat : l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques. Un privilège précieux, désormais réduit en cendres par un excès de zèle patriotique.
Paris, visiblement peu amusée par cette démonstration d’autorité, a répliqué avec une efficacité toute gauloise : expulsion réciproque. Tous les Algériens titulaires de passeports diplomatiques et dépourvus de visa se verront refuser l’entrée en France. Le message est clair : œil pour œil, visa pour visa.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, n’a pas mâché ses mots sur BFMTV : « Notre réponse est immédiate, ferme et parfaitement proportionnée ». Traduction diplomatique : vous avez joué, vous avez perdu. Et sans même sortir un seul Mirage du hangar.
La réaction française a pris de court les médias algériens pro-régime, trop occupés à se féliciter du “courage” d’Alger pour remarquer que Paris venait de tirer un trait sur un accord qui bénéficiait… justement aux cercles dirigeants d’Alger. Ironie du sort, c’est donc la nomenklatura algérienne — celle qui soigne ses migraines à Neuilly et scolarise ses enfants à Lyon — qui en paiera le prix fort.
Car ne nous y trompons pas : ce fameux passeport diplomatique n’était pas qu’un outil de travail. C’était un sésame doré, un passeport vers les cliniques privées, les boutiques de luxe et les plages de la Côte d’Azur. Aujourd’hui, ce précieux laissez-passer n’offre plus que l’accès à la file d’attente du service des visas. Et là, l’égalité républicaine française retrouve tout son sens.
Le plus cocasse, dans cette affaire, reste l’aveuglement stratégique d’Alger. Pensant faire montre d’autorité en expédiant quelques fonctionnaires français hors du territoire, elle oublie que les vraies cartes, c’est souvent l’autre qui les tient. Et la carte du visa, Paris l’a jouée avec une finesse qui frôle la cruauté poétique.
La diplomatie algérienne, dans un élan de souverainisme mal calibré, a donc dynamité un avantage considérable… pour se retrouver à réclamer, demain peut-être, un retour à la situation précédente. Ce n’est plus de la géopolitique, c’est de l’autosabotage en règle.
Mais après tout, que serait une relation franco-algérienne sans ses crises à répétition, ses coups d’éclat absurdes et ses retours à la réalité brutale ? L’histoire continue — et comme toujours, c’est le peuple qui regarde, pendant que les élites… font la queue au consulat.