On aurait pu croire à une visite d’État. À voir Georges-Louis Bouchez déambuler entre Rabat, Laâyoune et Dakhla, entouré de caméras bienveillantes et de communiqués soigneusement polis, on aurait presque oublié un petit détail .
GLB n’est pas ministre. Il n’est même pas dans le gouvernement. Il est président de parti. Autrement dit, il n’a pas plus de pouvoir décisionnel en matière de politique étrangère qu’un pigeon voyageur dans un conseil de l’OTAN.
Et pourtant, le voilà qui annonce fièrement, depuis le Maroc, le dépôt imminent d’une proposition de résolution pour la reconnaissance par la Belgique de la souveraineté marocaine sur le Sahara . Rien que ça. Avec en toile de fond un plan d’autonomie que même les diplomates les plus chevronnés abordent avec des pincettes. Mais pas GLB , lui, il y va franco, comme à son habitude, avec le verbe martial et l’assurance de ceux qui confondent conviction et calcul électoral.
Car ne nous y trompons pas , cette sortie spectaculaire a moins à voir avec une vision géopolitique cohérente qu’avec une tentative désespérée de ratisser large dans l’électorat belge d’origine marocaine. Une main tendue ? Plutôt une main fouilleuse, prête à troquer un symbole diplomatique contre quelques bulletins dans l’urne. En somme, du clientélisme repeint aux couleurs de la coopération internationale.
Plus encore, certains bruits courent , GLB aurait profité de son séjour marocain pour tenter un échange discret – mais ô combien problématique – entre reconnaissance diplomatique et partage d’informations électroniques sur les Belgo-Marocains. Autrement dit, un petit troc entre souveraineté et surveillance, un chantage aux données personnelles déjà rejeté par le Parlement marocain mais ressuscité dans les couloirs d’un hôtel à Rabat. On se croirait dans un épisode raté de “House of Cards”, version Nord-Sud.
Et le plus savoureux dans l’histoire ? GLB accuse régulièrement les autres de communautarisme, mais n’hésite pas lui-même à essentialiser des citoyens belges en croyant qu’un positionnement sur un conflit régional suffira à gagner leur loyauté électorale. Il ne tend pas la main, il tend un miroir déformant. Il ne dialogue pas, il instrumentalise.
Alors non, cette visite n’était pas un acte de diplomatie courageuse. C’était un numéro de prestidigitation politique, avec comme fond de scène les espoirs d’un homme en mal de popularité, prêt à maquiller son manque d’influence en grandeur géopolitique. Malheureusement pour lui – et heureusement pour nous – la démocratie belge ne se gouverne pas à coups de selfies diplomatiques et de tweets enflammés.