Coalitions à Bruxelles : Ahmed Laaouej joue à Tetris politique pendant que DéFI serre les dents

Bouchaib El Bazi

À Bruxelles, la politique ressemble de plus en plus à une série Netflix à suspens : alliances improbables, trahisons en coulisses et épisodes remplis de rebondissements. Cette semaine, c’est Ahmed Laaouej, le président très volubile de la fédération bruxelloise du PS, qui tient le rôle principal — celui du stratège de gauche qui joue aux équilibristes entre le PTB et Ecolo tout en préparant, en douce, un plan B aux contours aussi flous que son attachement à la rigueur budgétaire.

Laaouej, le Mélenchon de Saint-Josse ?

Laaouej n’a jamais caché son penchant pour une « majorité progressiste ». Comprenez : une coalition rouge-verte-rouge vif, avec Ecolo et le PTB. Une sorte de « Belgique insoumise », comme la surnomme ironiquement François De Smet, qui semble trembler à l’idée de voir les tribunes du parlement régional transformées en AG permanente de la CGSP. Pour le président de DéFI, une telle majorité ne serait rien de moins qu’un « désastre ». Il faut dire que voir le PTB, éternel opposant professionnel, devoir signer des décisions budgétaires pourrait, en effet, provoquer un séisme idéologique… et quelques fou-rires involontaires.

Le double jeu du camarade Laaouej

Mais attendez, car voici le twist de l’épisode : selon De Smet, Laaouej ne miserait pas vraiment sur l’extrême gauche. Non, il aurait déjà un autre scénario dans la manche de son veston : retourner Les Engagés, amadouer Ecolo, et pourquoi pas même draguer DéFI. Une sorte de fusion entre le yoga politique et la pêche au chalut. Objectif : créer une majorité « socialement responsable »… et politiquement opportuniste. De Smet, pince-sans-rire, juge l’exercice « laborieux ». On comprend pourquoi : après avoir fustigé pendant des mois la mollesse du PS, il serait ironique de le rejoindre pour gouverner… au nom de la stabilité.

Une arithmétique bancale, une logique absente

Certes, sur le papier, les mathématiques peuvent fonctionner. PS + Ecolo + PTB = majorité. Mais en politique, deux et deux ne font pas toujours quatre, surtout quand les partenaires de coalition ne partagent ni la même vision économique, ni la même définition du mot “responsabilité”. Pour De Smet, si le PS et le MR — les deux partis arrivés en tête — ne parviennent pas à s’entendre, alors « il est légitime de chercher des solutions à gauche et à droite ». Traduction : on est prêt à tout… sauf à l’inacceptable.

Et l’inacceptable, selon DéFI, porte plusieurs noms : PTB, bien sûr, mais aussi N-VA et, dans une touche locale délicieusement piquante, la Team Fouad Ahidar. Pour le reste, « on est ouvert », dit De Smet, à condition de parler contenu. Voilà qui promet de longues soirées de discussions… et beaucoup de café.

Bienvenue à “Bruxelles-sur-le-fil”

À Bruxelles, on ne forme pas une majorité, on la bricole, on la murmure, on la négocie entre deux micros et trois tweets. Ahmed Laaouej, lui, continue de jouer sa partition, oscillant entre le tribun de gauche et le gestionnaire pragmatique. Reste à savoir s’il finira chef d’orchestre ou simple figurant d’une saison politique qui n’a pas fini de nous surprendre.

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