Une déclaration qui ravive les tensions communautaires
Dimanche, Bart De Wever, Premier ministre issu de la coalition Arizona, a déclaré que si la Région de Bruxelles-Capitale devait demander une aide financière au gouvernement fédéral, il envisagerait de la placer sous tutelle, à l’image de ce que fait le FMI avec certains pays surendettés. Des propos qui ont immédiatement enflammé le débat politique et provoqué une vague d’indignation du côté bruxellois.
Ahmed Laaouej dénonce une dérive autoritaire
Intervenant lundi matin sur les ondes de Bel RTL, Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, a réagi sans détour :
> « Cette vision ne doit pas nous étonner. Elle vient d’un Premier ministre qui, en réalité, est un leader nationaliste et séparatiste. Il n’a de respect ni pour la Belgique, ni pour Bruxelles. »
Le socialiste accuse Bart De Wever de traiter la Constitution comme un simple chiffon de papier et de porter une attaque grave contre l’autonomie démocratique des institutions bruxelloises.
Bruxelles ni protectorat flamand, ni province à redresser
Contrairement à ce que suggère la rhétorique du Premier ministre, Bruxelles n’a jamais été sous tutelle. Ni de la Flandre, ni de la Wallonie, ni d’aucune autre entité politique. Elle est une Région autonome, avec son propre gouvernement, son Parlement, et ses mécanismes de décision démocratique. Vouloir l’assujettir à une forme de contrôle fédéral revient à nier son statut institutionnel, à réduire ses citoyens au rang de mineurs incapables de se gérer.
Un discours qui sonne comme une mise en garde, voire une menace
Au-delà du débat budgétaire, les mots employés par Bart De Wever relèvent d’une stratégie d’intimidation politique. Le message est clair si Bruxelles sort du rang, elle sera surveillée, encadrée, bridée. Or, rien dans la Constitution belge ne prévoit une telle mise sous tutelle d’une Région. La menace n’a donc pas de base juridique solide, mais elle sert à alimenter un discours de défiance envers une Région cosmopolite, progressiste et multilingue, qui dérange visiblement une certaine vision identitaire du pays.
Le paradoxe d’un fédéral en déficit
Autre point souligné par Ahmed Laaouej le gouvernement fédéral affiche lui-même un déficit de 25,5 milliards d’euros pour 2025. Alors, pourquoi stigmatiser Bruxelles ? Pourquoi la présenter comme seule incapable de gérer ses finances ? L’arrogance budgétaire masque mal les failles structurelles du niveau fédéral lui-même, et expose une tentative politique de marginalisation régionale.
Construire plutôt que soumettre
Pour les socialistes bruxellois, l’assainissement budgétaire est nécessaire, mais il ne peut se faire au prix de l’humiliation ou de l’autoritarisme. Laaouej plaide pour une gestion responsable, basée sur l’investissement, l’optimisation des dépenses, et une meilleure fiscalité, sans céder à l’austérité aveugle ni au chantage politique.
l’autonomie n’est pas négociable
La Région de Bruxelles-Capitale n’a pas à être « redressée » comme une entité coloniale ou un département déficient. Elle doit être respectée dans son autonomie, soutenue dans ses réformes, et représentée dignement au sein de l’État fédéral. La menace de tutelle n’est pas seulement une erreur politique c’est une remise en cause frontale du fédéralisme belge. Et cela, aucun Bruxellois ne devrait l’accepter en silence.