Contrefaçon high-tech : Comment de faux produits Apple marocains mènent à un fournisseur belge bien réel

Par : Majdi Fatima Zahra

Bienvenue dans l’Europe du libre-échange… de la contrefaçon. Ce n’est ni une blague belge, ni un scénario dystopique : une enquête journalistique sur des produits Apple contrefaits vendus au Marché de Derb Ghalef à Casablanca au Maroc a mené tout droit à Bruxelles, capitale de l’Europe — et visiblement aussi, nouvelle plaque tournante des chargeurs , des écouteurs « Apple » qui n’ont d’Apple que le logo… mal imprimé.

La société en question ? Euro Mobile Company. Son nom fleure bon la start-up tech européenne, mais dans les coulisses, elle semble surtout spécialisée dans l’art de l’imitation : faux iPhones, faux chargeurs, faux écouteurs , accessoires “calqués”, et un service client qui n’hésite pas à proposer des paiements cash, sans facture, ni foi ni loi. Bref, la simplicité d’un marché aux puces, l’apparence d’une entreprise sérieuse. Le tout, avec l’accent bruxellois.

Notre équipe, poussée par les échos d’une vague de contrefaçon au Maroc, a remonté la piste jusqu’à ce grossiste belge. Après quelques contacts anonymes, un client intermédiaire, et des négociations à l’arrière-goût de polar low-cost, le grossiste a ouvert sa caverne d’Ali Baba… version silicone et circuits imprimés. Parmi les trésors proposés : des téléphones Nokia contrefaits (oui, Nokia vit encore, dans les rayons de la contrefaçon), des câbles , des chargeurs, des écouteurs “Apple” qui font fondre votre batterie plus vite que votre abonnement Netflix, et autres merveilles électroniques.

Cerise sur le stock : certains produits seraient même entreposés dans un magasin basé à Beverwijk, aux Pays-Bas. Un détour hollandais qui donne au dossier une dimension européenne digne d’un roman noir, où les frontières ne sont qu’un détail logistique.

Mais ce qui choque le plus dans cette affaire, c’est la relative nonchalance des autorités belges. Car la société est bel et bien enregistrée, autorisée à exercer, et semble opérer en toute tranquillité. Un laissez-faire qui soulève une question simple mais dérangeante : l’Union européenne serait-elle aussi unie dans la tolérance face à la contrefaçon ? À voir la facilité avec laquelle ces sociétés prospèrent, la réponse semble pencher dangereusement vers le oui.

Il ne s’agit plus ici de simples copies malhabiles, mais d’un réseau structuré, transfrontalier, qui brouille les pistes entre le vrai et le faux, le légal et le toléré. Et pendant que les consommateurs marocains (et d’ailleurs) se branchent innocemment à ces gadgets douteux, d’autres, plus haut, ferment les yeux, ou pire : encaissent.

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