Notre humanité est-elle menacée ? Ou simplement distraite par un match de foot ?
Par : Bouchaib El Bazi
La semaine dernière, dans le Gard, en France, un homme a été assassiné de plus de quarante coups de couteau. Aboubakar Cissé, dans une mosquée, en plein jour. Pas un fait divers : un fait d’horreur. Silence dans les tribunes médiatiques. Les commentateurs, d’habitude si prolixes, avaient manifestement piscine.
Aujourd’hui, le décor change, mais le malaise persiste. Direction Molenbeek-Saint-Jean, cette commune bruxelloise trop souvent citée pour de mauvaises raisons — peuplée majoritairement de personnes issues de l’immigration, sur plusieurs générations, et, apparemment, toujours considérée comme une zone étrangère dans son propre pays.
Des hooligans venus tout droit de Bruges ont traversé sans encombre le territoire molenbeekois. En toute détente, comme s’ils allaient faire leur marché. La police, elle, semblait avoir opté pour une posture contemplative : observer, attendre, et surtout ne pas intervenir.
Alors on s’interroge. Pourquoi cette inaction ? Pourquoi ce silence ? Serait-ce que certains territoires méritent moins de protection que d’autres ? Ou bien les citoyens molenbeekois sont-ils devenus des figurants dans le grand théâtre belge ?
Heureusement, tout est rentré dans l’ordre. Les hooligans sont retournés au stade Roi Baudouin pour assister à la finale de la Coupe de Belgique. Fin du sketch ? Pas vraiment. Une question reste en suspens, suspendue comme un carton rouge au-dessus d’une mêlée : que se passera-t-il après le match ?
Aura-t-on droit à une deuxième mi-temps dans les rues de Bruxelles ? Ou la police daignera-t-elle, cette fois, faire acte de présence ?
Soyons clairs : notre intention n’est pas de jouer les prophètes de malheur. Mais comment rester muets face à la montée d’un climat de haine alimenté méthodiquement par des discours politiques aux relents toxiques ? Quand les leaders d’opinion versent dans la stigmatisation, le sexisme, l’islamophobie, la négrophobie et autres joyeusetés idéologiques, il ne faut pas s’étonner que les extrêmes se sentent pousser des ailes (et parfois des battes de baseball).
L’Histoire, paraît-il, bégaie. Mais à ce rythme-là, elle répète en boucle comme un vinyle rayé. Le 8 mai 2025 marquera les 80 ans de la libération des camps de concentration. Une date qui, théoriquement, devrait nous inspirer mémoire, humilité et vigilance.
Mais en pratique ? L’indifférence semble mieux cotée en Bourse que la conscience politique.
Il est temps de retrousser nos manches, dans nos associations, dans nos familles, dans nos amitiés. De remettre un peu de dignité et de décence dans les débats. Parce qu’au prochain débordement, personne ne pourra dire « je ne savais pas ».
Nous dénonçons avec force ces dérives, et refusons qu’elles souillent ce mois de mémoire et de commémoration. Nous continuerons à dire, envers et contre tous :
Plus jamais ça.
No pasarán.